DUBAI, DES PINTES À 12 EUROS ET DES GRATTE-CIELS.


En une nuit de bateau, on est passé du désert iranien à l'hyper modernisme de Dubai. Angoisse. 

À l'intérieur du bateau, ça ressemble aux avions low cost, avec plein de sièges partout. Pour rentrer c'est d'abord les femmes et les familles, puis les hommes. Pour se placer c'est pareil, le bateau est séparé en deux zones. Nous on reste quand même ensemble. En couple on se place dans la catégorie famille. Pendant la nuit, tout le monde se relaie pour gueuler, alors forcément on n'a pas trop dormi. On pensait boire une bonne bière sur le pont, mais pas de chance, ils ne vendaient que de la confiture de carottes... 


Lorsqu'on arrive au port de Dubai, la police nous escorte jusqu'au bureau de l'immigration. On est ensuite enfermés là (pour ne pas qu'on s'échappe ?) le temps de fouiller tout le monde et procéder au contrôle des papiers de tous les arrivants. Une fois ces longues vérifications terminées, tout le monde est relâché vers la deuxième salle où les bagages sont passés aux rayons x. On avait une trentaine de paquets de clopes iraniens et les mecs les ont quand même tous examinés un à un ! Les vélos ne sont pas considérés comme un véhicule, à peine comme un vulgaire bagage et les douaniers n'y jettent même pas un coup d'œil ! (on saura où cacher la drogue maintenant) Jusqu'au dernier moment on avait décidé que, sur place, on dormirait à l'arrache sous la tente sur la plage. Jusqu'à ce qu'on nous fasse remarquer qu'on pouvait trouver des airbnb à 20 euros la chambre en étant à quelques kilomètres de Dubai, à Charjah. On est donc sortis du port et on a roulé jusqu'à la maison où on avait loué une chambre, à Charjah donc. 


La différence avec l'Iran est frappante. Les voitures sont beaucoup plus grosses et variées. (en Iran, peu de modèles sont disponibles à la vente donc tout le monde a la même voiture). Ici c'est plus modèle de luxe. Tout est neuf, symétrique, impeccable. La pelouse est tondue à la perfection, les palmiers ont presque l'air en plastique. Ils font tous la même taille, sont parfaitement symétriques et l'espacement les uns avec les autres semble avoir été mesuré au millimètre près. Ici bien sûr tout est neuf, les constructions les plus anciennes ont 50 ans. Les mosquées sont toujours là, mais elles ne ressemblent pas aux mosquées bleues et décorées d'Iran ou d'Ouzbekistan. Elles sont très sobrement décorées, couleur sable ou blanches. 

En Iran, à l'exception des villages plus conservateurs, il y avait presque autant de femmes que d'hommes dans les rues. Ici, les gens dans les rues sont presque exclusivement des hommes. Rien à voir avec Dubai bien sûr, mais ici à Charjah, un émirat plus conservateur, aucune femme locale n'est dehors. 

Une autre chose, particulièrement frappante, c'est la très grande diversité culturelle. À peine un quart de la population des résidents permanents des Émirats est émiratie. Le reste des résidents est majoritairement asiatique (indiens, pakistanais, bangladeshi pour les hommes, pays d'Asie du sud-est pour les femmes). La population des Émirats est trop peu nombreuse pour l'impressionnante demande de main d'œuvre. Et les travailleurs immigrés à bas prix sont plus intéressants...

Les Emiratis on les aperçoit à peine, derrière leurs vitres teintées. Mais les serveurs, les chauffeurs de taxi, les épiciers, les ouvriers, les éboueurs, les femmes de ménage, les caissières, les videurs... Tous sont immigrés. Quand on rajoute à ça le flot de touristes, ça donne une diversité culturelle incroyable. 


Le bateau Iran-Émirats
Le bateau Iran-Émirats

On est accueillis dans notre airbnb par Erkin, un suédois vivant aux Émirats. La société dans laquelle il est employé a fait faillite, alors maintenant il traîne dans cette vaste maison qu'il loue sur airbnb. C'est un peu comme un hôtel, il y a beaucoup de chambres, et le prix est uniquement pour la chambre. Il va à Dubai dans l'après-midi et propose de nous y emmener. On part avec sa copine, originaire du Kenya. Tous les deux ont une vision assez tranchée des Émirats : tout est faux ici. Pour autant, ils ont un peu pris des habitudes locales : leur soirée en amoureux, ils la passent au centre commercial, et c'est là qu'ils nous déposent. 

Le Dubai Mall, c'est un endroit de désolation complètement excessif. La consommation comme art de vivre. Il y a un monde incroyable et beaucoup de gens viennent y passer une journée ou une soirée entière. À l'intérieur il y a des chutes d'eau, un squelette entier de dinosaure, une patinoire olympique et un aquarium immense avec, entre autres, des raies manta et des requins. C'est tellement déprimant de voir ces animaux entassés les uns sur les autres dans un centre commercial... Enfin bon, si ça peut faire bien sur les selfies des visiteurs, on va considérer qu'on s'en fout ..!


En arrivant ici, on n'avait franchement pas l'intention de faire du shopping. Par contre, ça faisait un mois et demi qu'on était en Iran et la detox n'avait que trop duré ! (en vérité, on a picolé plusieurs fois en Iran, mais chhhut...) 

Dans le centre commercial, l'alcool est prohibé et tous les restaurants et bars servent des cocktails sans alcool. Quand tu demandes si il y a de la bière, on te regarde comme un déchet ambulant. 

Bref, ce qui est cool quand même, c'est qu'ici l'alcool a beau être prohibé à plein d'endroits, il y a beaucoup d'occidentaux et ce serait bien dommage de perdre tous ces clients. Alors juste en face du centre commercial, il y a un bâtiment de débauche, où ô joie, tu peux acheter de la bière. À 12 euros la pinte de Heineken. 

On a donc retrouvé les joies de la vie citadine. À savoir les pintes. Sinon c'était plutôt les peines de la vie citadine : les embouteillages, le métro bondé et les interminables transports pour rentrer dans ta banlieue. 

Délivrance !! De la bière hors de prix ! (l'histoire ne dit pas combien on en a bu, mais on avait fait des économies en Iran..)
Délivrance !! De la bière hors de prix ! (l'histoire ne dit pas combien on en a bu, mais on avait fait des économies en Iran..)
Dubai Mall, ou un endroit où on ne se sentait pas tout à fait à notre place..
Dubai Mall, ou un endroit où on ne se sentait pas tout à fait à notre place..

Le lendemain, on a repris les transports pour aller à la marina. On n'a pas pris les vélos pour se déplacer dans Dubai, tout est pensé pour les voitures. En gros, on a le choix entre la six-voies ou le periph. En plein jour, la ville est beaucoup moins clinquante. Tout est en construction partout, ça ressemble juste à un grand chantier.  

La Marina c'est un des quartiers modernes, plus ou moins achevés de la ville, en mode yatchs, gratte-ciels et hôtels de luxe. On n'y est pas restés trop longtemps.. On s'est vite sentis plus crevés en une journée de métro-bus qu'en une journée sur les vélos. Cette ville ce n'est pas trop notre truc, et on n'a pas insisté. En photo, on dirait presque Manhattan. En vrai, ça manque un peu d'âme. Tout est beaucoup trop lisse ou jet-set. Ça ne nous a pas trop intéressé et ça tombait bien, on avait toute la saison 7 de game of thrones à rattraper. 


On est ensuite partis pour Oman. On a pris un bus pour sortir de la ville puis on a pédalé jusqu'à la frontière. Sur la route, des fast food, des boutiques et des centres commerciaux, uniquement interrompus par les mosquées. On n'a pas traîné et on est vite arrivés à la frontière omanaise.