IRAN


Du désert aux îles du golfe Persique

Avant d'arriver dans le désert, on traverse de longs kilomètres d'agglomération, de zones industrielles, de camps militaires et de champs grillés par le soleil. Les bords des routes sont jonchés de sacs poubelles éventrés et de déchets de toutes sortes. Il n'y a pas grand chose à voir, une route toute droite à la ligne d'horizon infinie. Sur la route, les seules distractions sont des troupeaux de chèvres et la traversée de villages poussiéreux et endormis. Nous par contre, nous sommes la distraction de tous les gens qui croisent notre route. Et les conducteurs qui nous croisent, camions, autos et motos confondus, arrêtent de regarder la route pour mieux nous examiner.. On en aura vu des motards, rouler tête retournée, sans se soucier de ce qu'il y avait devant eux, pour nous regarder. À chacune de nos pauses, les gens défilent sur leurs motos pour dire bonjour, demander où on va ou proposer le chaï. Quand on est arrêtés sur le bord de la route, ceux qui passent devant nous font demi tour pour venir discuter un peu ou prendre des photos ! Les iraniens sont très intéressés de savoir d'où nous venons, et surtout ce que les européens pensent de leur pays. Ils sont particulièrement préoccupés à l'idée qu'ils soient vus comme des terroristes et on ne compte plus le nombre de fois où on nous aura posé cette question... Par contre, aussi improbable que cela puisse nous paraître, ils sont souvent inquiets à l'idée que Olivier soit un terroriste.. À cause de la barbe ! Souvent les discussions commençaient par "you're not Daech..? Aaaaaaaah ok!" 


Sinon, il faudra qu'on pense à demander à quel âge on a le droit de commencer à conduire ici.. On a vu plein de gosses conduisant des motos ou des voitures ! Ils avaient 14, 12, 10 ans.. Certains à moto avaient même l'air de ne pas avoir plus de 8 ans ! Ils ne sont pas les seuls à traîner dans les rues à faire des tours à moto. Les iraniens sont un des pays les mieux dotés en pétrole.  Alors ici le plein d'essence coûte le prix d'un kebab, du coup tout le monde fait des allées et venues en voiture ou à moto.. Même pour faire 10 mètres. 

Sur la route aussi, les gens font demi tour pour venir rouler à notre hauteur, nous demander d'où on vient, et où on va, prendre des photos, puis repartir dans leur direction.. 

Le soir, on s'arrête acheter de la bière sans alcool et des chips. On mange par terre, au milieu d'une foule de spectateurs. Dans ces petits villages, l'ambiance est beaucoup plus conservatrice. Il y a très peu de femmes dans les rues et celles que l'on croise sont intégralement couvertes.. On ne voit que leurs yeux. La nouvelle qu'il y a deux étrangers à vélo fait vite le tour du village. Un homme à moto arrive, c'est le gardien de la mosquée. Il nous demande si on sait où dormir. On répond "tchador" (tente en farsi). Et on se retrouve à dormir dans la mosquée, sur les tapis d'une salle de prière.


Le lendemain, les kilomètres qui nous séparent de Varzaneh sont identiques aux précédents. Heureusement sur la route, même au milieu de nulle part, il y a des bars à thé, installés sous des tentes, avec des enceintes qui crachent du gros son islamique. On s'y arrête à chaque fois, et ça finit en session photos et énumération des joueurs de foot du PSG ! 

Dodo dans une salle de prière de la mosquée
Dodo dans une salle de prière de la mosquée
Street style
Street style
Session photos à chaque fois qu'on s'arrête, et même parfois tout en roulant !
Session photos à chaque fois qu'on s'arrête, et même parfois tout en roulant !
Bar à thé sur le bord de la route
Bar à thé sur le bord de la route
Le moment de l'angoisse, quand on te colle un gosse dans les bras pour la photo !
Le moment de l'angoisse, quand on te colle un gosse dans les bras pour la photo !
C'est le moment de faire le point ! :)
C'est le moment de faire le point ! :)

On finit par arriver à Varzaneh, où l'on pose nos vélos pour la journée. En route, on a croisé un mec en voiture qui nous a donné le contact de Mohammed à Varzaneh. Il peut nous conduire dans les dunes. On y va donc avec lui, ce sera plus pratique car les dunes ne sont pas du tout sur notre route et la piste qui y mène est une impasse.. 

On part donc en voiture et on passe d'abord près d'un lac salé, où les camions font des va et viens pour extraire le sel. Un peu plus loin, le lac est tout sec et grillé au soleil. Quand on y marche, ça crisse sous les pas. 


On arrive dans les dunes en fin d'après-midi et on part explorer à pied tous les deux. Le spectacle est magnifique, immense, silencieux. On saute dans le sable, on marche sur des crêtes puis on se pose regarder le soleil se coucher, illuminant d'ombres dorées les courbes des dunes.. Magique ! 

On repart le lendemain, traverser le désert du Dasht e kavir jusqu'à Yazd. Une fois les sacoches pleines d'eau, de fruits et de légumes, on quitte très rapidement la route principale pour une petite route plutôt bien asphaltée, qui s'élance dans le désert. Tout de suite nous sommes seuls, il n'y a aucun trafic. La route est pour nous. On traverse des étendues de sable blanc et doré, ponctué par des petits buissons d'epineux. La chaleur doit être épouvantable ici en été, mais en novembre, on y est bien! On traverse les ruines de ce qui nous semble être d'anciens petits villages du désert. On aperçoit au loin des troupeaux de chameaux sauvages, et ça a un côté émouvant et libérateur de voir des animaux dans leur milieu naturel, loin de l'emprise humaine, libres. À mesure que l'on roule, l'horizon est de plus en plus dégagé et immense. On se sent revenus dans le Pamir, tout petits et tout seuls, au milieu de l'immensité de la nature. Il ne fait pas froid, mais le vent de face est bien là.. On s'y croirait!! La nuit tombe vite, et avec elle, une lune rousse, qui fait briller le lac salé, que l'on distingue de loin. On pose la tente sous un vent terrible. Mais on a amélioré notre technique depuis le Pamir, pas d'envolée de toile de tente ! Par contre on s'endort dans le vacarme de la bâche qui claque et de la toile, secouée dans tous les sens.. Une vraie tempête, qui dure toute la nuit ! On ne regrette pas d'avoir investi dans une tente solide ! 


Au matin plus un souffle. On retrouve avec plaisir les sensations du Pamir : solitude absolue, silence extrême et paysages immenses. La route asphaltée laisse place à une piste ensablée. Ça ne roule pas toujours bien et on doit souvent pousser. Mais on est contents de retrouver de la piste, c'est moins ennuyeux que l'asphalte car il faut se concentrer pour regarder où on roule, et du coup le temps passe plus vite. Pour un désert, les paysages sont quand même assez variés, et ce qui nous ralentit le plus ce sont les pauses photos ! Alors qu'on s'ensable de plus en plus, un mec à moto arrive derrière nous. On se demande ce qu'il fait ici, au milieu de ce désert.. À bien y réfléchir, il doit se poser la même question pour nous ! Il est content de nous voir là, il nous propose de l'eau et veut faire un bout de route avec nous. Il roule un peu derrière nous mais s'aperçoit assez vite que deux vélos dans le sable ça n'avance vraiment à rien. Et il nous laisse à nouveau seuls. 

Route parfaitement asphaltée du début
Route parfaitement asphaltée du début
Rivière salée
Rivière salée
Une montagne toute noire au milieu du désert doré
Une montagne toute noire au milieu du désert doré
Route jusqu'à l'infini !
Route jusqu'à l'infini !
Fini le bitume
Fini le bitume
On fait la trace !
On fait la trace !
Ou on pousse...
Ou on pousse...
Copain du désert
Copain du désert

On finit par arriver à un caravanserail abandonné, qui apparaît comme un mirage dans le désert. Il est vraiment bien conservé, on s'y croirait ! À part qu'aucun banquet ne nous y attend à l'intérieur... On se fait donc notre propre banquet avec nos concombres et des gâteaux.. Pour repartir, il faut choisir entre plusieurs routes, on prend celle qui nous paraît la moins ensablée. En fait, il y a plein de pistes un peu partout, qui serpentent entre les buissons d'épineux. Quelques heures plus tard, on voit un camion au loin, nous ne sommes donc pas sur la route officielle.. Mais elles semblent toutes se rejoindre. Notre piste a l'air plus empruntée par les animaux, on voit plein de différentes traces dans le sable. À la fin de la journée, on retrouve de l'asphalte, et un village. On s'y arrête pour faire des courses et manger un petit apero, au milieu d'un attroupement qui s'est formé à notre arrivée. On nous apprend que pour le prochain village il y a deux routes : une asphaltée et une piste. On demande à quoi ressemble la piste, on nous répond "up and down" Ça faisait longtemps ! On choisit donc la piste, où l'on pose rapidement la tente.. La nuit est fraîche.. Sans s'en apercevoir on est montés à 2000m d'altitude, avec une pente toute douce, imperceptible. 

En repartant, c'est effectivement "up and down", de très courtes descentes suivies de très courtes montées. Mais ça essouffle presque plus qu'un col ! La piste est parfois très sablonneuse, on dérape, on s'ensable ou on manque de tomber.. Puis le plat revient, et on roule, chacun dans sa trace, entrecoupés de pauses ensablage. 


On arrive en milieu de matinée au village de Nodushan, où l'épicier chez qui on s'arrête acheter de l'eau nous  offre des barres de céréales, du nougat, plusieurs bols de soupe et des biscuits tout juste cuisinés par sa femme ! Dans un village, quelques kilomètres plus loin, alors que l'on cherchait encore de l'eau, un couple de papy-mamie nous offre un sac de pain et remplissent nos sacoches de grenades !

Caravanserail abandonné au milieu du désert
Caravanserail abandonné au milieu du désert
On tape la pause !
On tape la pause !
On essaye de se débrouiller avec le GPS pour choisir la route.. Ou alors selon celle qui nous tente le plus !
On essaye de se débrouiller avec le GPS pour choisir la route.. Ou alors selon celle qui nous tente le plus !
Il fait quand même chaud...
Il fait quand même chaud...
Qui sera le premier en haut..?
Qui sera le premier en haut..?
Bivouac, les voisins sont pas trop chiants !
Bivouac, les voisins sont pas trop chiants !

On repart pour la dernière ligne droite, la longue traversée du désert avant Yazd. La route est toute droite et infinie, longée par des pylônes électriques tout du long. On les voit s'étirer au loin sur des kilomètres.. Cette route du désert offre moins un paysage de cartes postales, finis le sable doré, les chameaux sauvages et les caravanserails abandonnés. On longe sur des kilomètres des décharges, des usines de transformation de minerais et des centrales électriques. Tout ce beau monde fume d'epaisses nappes noires et puantes qui encrassent l'air. À mesure que l'on longe les centrales, le trafic de camions s'intensifie et nous double dans des appels d'air chauds, poussiéreux et puants. On arrive plus rapidement que prévu à la périphérie de Yazd. La nuit va bientôt tomber et on n'a pas trop envie de payer 20 euros d'hôtel. Alors on décide de poser notre tente là, dans ce spot de rêve :  sur le bas côté de l'autoroute, entre les centrales électriques et l'aéroport. On lit un peu pour attendre que la nuit tombe, puis on monte rapidement notre tente dans le noir. 


On arrive le lendemain matin à Yazd, dans la puanteur des usines, des décharges, des poulets élevés en batterie et des pots d'échappement. Pas très poétique comme entrée dans cette cité du désert, l'une des plus anciennes au monde.

Mais Yazd est une belle ville, des ruelles entremêlées, des murs aux couleurs sable et une forêt de badgirs surplombant l'ensemble. Les badgirs sont des tours à vent, utilisées pour refroidir l'atmosphère des maisons et des cours intérieures. Hyper astucieux ! Et plus écologique que la clim moderne... 

Des pylônes et encore des pylônes.. Pas de photos des usines puantes, c'est interdit ! Dommage...
Des pylônes et encore des pylônes.. Pas de photos des usines puantes, c'est interdit ! Dommage...
Sur les toits de Yazd
Sur les toits de Yazd
Yazd, forêt de badgirs
Yazd, forêt de badgirs

Les îles du golfe Persique

À Yazd, on a longtemps hésité sur la route à emprunter. Rejoindre la côte du golfe Persique et traverser de nouveaux longs kilomètres de désert, ou accélérer cette partie, prendre le bus et explorer les îles du détroit d'Hormuz ? On a opté pour la diversité de paysages et de cultures du golfe et on a sauté dans un bus pour Bandar Abbas ! 


Bandar Abbas! Rien que le nom nous faisait fantasmer depuis notre arrivée en Iran. Pas pour des raisons touristiques, il n'y a pas grand chose à photographier par ici.. Mais ce nom évoque un port tentaculaire et l'entrée dans la fournaise du golfe... Et on n'a pas été déçus ! La ville est chaotique, écrasée par une chaleur insoutenable.. Mais ça sent la mer et les embruns ! Et après plusieurs mois dans les montagnes, les steppes et les déserts.. voir la mer et respirer l'air iodé nous apportait une sérénité contrastant avec la folie de la ville. 

À Bandar, nous avons dormi dans la famille de Jelve, rencontree grâce à warmshower (le couchsurfing des cyclistes). On s'est tout de suite sentis chez nous dans cette belle maison, pleine de chats. Jelve et sa famille sont joyeux et souriants et on était tout contents de se faire dorloter par maman, en attendant de repartir vers les îles. 


Bandar Abbas débouche sur le golfe Persique, dans lequel s'éparpillent plusieurs petites îles. Ces îles sont connues pour être d'uniques paradis géologiques et on ne voulait pas manquer l'opportunité de pédaler au milieu de paysages tout droit sortis d'une autre planète. On a d'abord pris le bateau pour Qeshm, la plus grande des îles. Il y règne presque un air de vacances, les tchadors sont toujours là, mais plus colorés et certains hommes portent même des shorts ! En fait,  les femmes de l'île portent des tchadors colorés, mais également, pour couvrir leur visage, des masques en cuir, c'est assez surprenant..


La principale ville de Qeshm est une drôle de ville.. La moitié des bâtiments et des immenses centres commerciaux sont en construction, mais les travaux ont été interrompus, faute de moyens. Les grues égrenent les rues de la ville, mais personne dans les chantiers. Les malls démesurés décrepissent, vides, derrière des panneaux vantant le projet fini.


À peine débarqués nous n'avons pas traîné, après des courses rapides, nous filons planter notre tente au bord de la mer, bien cachés de la route. La nuit tombe tôt, à 17h et on fait attention de ne pas installer la tente avec les lampes frontales, pour ne pas se faire repérer. Notre première journée sur l'île est éprouvante, il y fait une chaleur insupportable. On peine à croire que ce sont les températures hivernales ! Heureusement la petite brise marine nous apporte un semblant de fraîcheur. Malgré tout, nous avançons lentement et trempés de sueur.. Sur notre route, nous nous arrêtons d'abord dans une vallée où l'érosion a créé un canyon impressionnant, où nous nous perdons dans un labyrinthe de formes minérales déchiquetées. À l'ombre ! Une pause fraîcheur bien méritée ! On y restera les heures les plus chaudes de la journée. 

Masque en cuir coloré des femmes de Qeshm
Masque en cuir coloré des femmes de Qeshm
Premier bivouac sur l'île, pas trop mal! mis à part que les épines par terre ont crevé un de nos matelas...
Premier bivouac sur l'île, pas trop mal! mis à part que les épines par terre ont crevé un de nos matelas...
On croise plein de dromadaires sur la route !
On croise plein de dromadaires sur la route !
Arrivée au canyon, en pleine fournaise..
Arrivée au canyon, en pleine fournaise..
Aaaaaaah de l'ombre !!
Aaaaaaah de l'ombre !!
Le canyon vu d'en haut (on a laissé les vélos en bas !!)
Le canyon vu d'en haut (on a laissé les vélos en bas !!)
Des formes vraiment impressionnantes !
Des formes vraiment impressionnantes !

On repart dans l'après-midi, cette fois un peu plus dans les terres, en direction de l'ouest de l'île. Les villages du cœur de l'île sont tous petits et très simples. Comme dans le reste de l'Iran, l'activité principale des ados c'est de faire des tours à moto, nous doubler, repartir en sens inverse, nous redoubler, klaxonner, repartir en sens inverse etc...


On n'avance pas très vite, à chaque village on fait une pause glace ou boisson fraîche. On est devenus accros à la bière sans alcool aromatisée citron. En fait c'est juste de la limonade, mais un peu moins sucré.. Par contre ce qui est marrant c'est qu'en achetant ça, les gens nous font souvent les gros yeux. Parce qu'il y a écrit bière dessus mais en fait c'est un simple soda. Une fausse bière qui fait grossir sans faire aucun effet, la meilleure arnaque marketing de la marque Bavaria!


Cette nuit là, le ciel est rouge et scintille du feu qui émane des puits de pétrole du golfe.. Le lendemain, on finit par arriver au Chahkooh Canyon, après des kilomètres tout plats, sous un soleil de plomb. Ce canyon sinueux semble avoir été creusé dans la roche, pour un résultat où s'alternent angles vifs et tranchants puis polis et arrondis.


On part poser la tente non loin du canyon. Sur cette île, la vie sauvage est assez importante, de très nombreux oiseaux, des dromadaires et plein de renards. Les renards par contre, on ne pensait pas les voir ! Mais en quittant le canyon on en voit plusieurs.. Alors, une fois la tente plantée, pendant que l'on mange sous les étoiles, on imagine la venue d'un copain poilu, sans trop y croire. Et là, alors même que l'on parlait de renard, deux petits yeux brillants juste en face de nous, à quelques mètres à peine ! Juste en face de nous ! On est fous de joie ! Notre ami renard, lui,  se demande si il doit détaler ou venir nous piquer du pain. Mais dans le doute, il continue à roder toute la nuit autour de nous..


Le lendemain, une grosse journée nous attend. On repart à Qeshm Town, où l'on était arrivés le premier jour. On arrive à la ville dans la soirée. Il fait presque déjà nuit. On doit se lever tôt le lendemain, pour prendre le bateau qui va à Hormuz, une deuxième île. On hésite donc à dormir sur notre plage de la première nuit. On n'est pas très efficaces le matin et on préfère dormir au plus près du port. Mais les hôtels ne sont pas dans notre budget.. On plante donc la tente dans un parc public, en plein centre ville ! 

Chahkooh Canyon
Chahkooh Canyon
On part se chercher un coin tranquille pour poser la tente..
On part se chercher un coin tranquille pour poser la tente..
Au matin, notre spot, mais sans les renards !
Au matin, notre spot, mais sans les renards !
Changement de décor, dans le parc public de Qeshm Town. Au milieu des grues et des chantiers non terminés..
Changement de décor, dans le parc public de Qeshm Town. Au milieu des grues et des chantiers non terminés..

Réveil à l'aube, on plie rapidement les affaires pour prendre le bateau pour l'île de Hormuz, beaucoup plus petite et beaucoup moins habitée ! En dehors de la ville du même nom, le reste de l'île est désert. Les chemins indiqués sur le GPS n'existent pas, alors on fait au hasard. Et vu la taille de l'île on ne prend pas de grands risques ! Par contre, il  fait presque plus chaud que sur Qeshm et ça grimpe ! Pour ne rien gâcher au plaisir, l'île est infestée de mouches !! Elles volent autour de nous par centaines et leur pouvoir de nuisance est infini ! Elles nous rentrent dans les yeux, les oreilles, la bouche.. On en chasse 15, elles reviennent à 30.. Un vrai film d'horreur !! Elles ne nous laissent pas beaucoup plus de répit lorsqu'on pédale car on se traine lamentablement, ralentis par le sable et la chaleur ! Difficile de garder son calme. Et la tranquillité de l'île est souvent perturbée par des "putaaaaaaaain" qui couvrent à peine le vrombissement des mouches !


Il y a une route asphaltée qui fait le tour de l'île. Mais allez savoir pourquoi, on a décidé de prendre la piste ignoble et sablonneuse qui grimpe et traverse les montagnes du centre. Les paysages sont impressionnants, la roche est volcanique et déchiquetée. Les montagnes sont toutes rouges. On finit par arriver en haut, mais surprise, la route est une impasse ! On est presque trop trempés de sueur et dépités pour admirer la vue ! 

Une femme sur l'île de Hormuz. Les gens ne ressemblent plus trop aux iraniens du centre.
Une femme sur l'île de Hormuz. Les gens ne ressemblent plus trop aux iraniens du centre.
Ça grimpe..
Ça grimpe..
Arrivés en haut
Arrivés en haut

On repart donc sur l'asphalte qui fait le tour de l'île. Pour la pause déjeuner, pas le choix, il faut faire du feu, malgré les températures déjà insoutenables. C'est la seule façon de manger sans être complètement assaillis de mouches. Les montagnes sont de toutes les couleurs, après le rouge, place au jaune puis au blanc. Dans le coin du blanc, on croirait voir des montagnes enneigées et ça contraste étrangement avec la température infernale qui règne sur l'île. On a croisé un mec en tuk-tuk, avec qui on a discuté. On lui a demandé à quoi ça ressemblait ici en été. Sa réponse ?  "It's not sun, it's fire"...


On quitte à nouveau l'asphalte pour arriver sur une terre d'un rouge éclatant. Avec les couleurs plus chaudes et moins écrasantes du soleil qui décline, les couleurs sont magnifiques !! Cet ocre est un puissant colorant et nos sacoches en sont encore toutes rouges ! 


Le soir, les mouches se calment un peu. On respire.. On trouve une plage sur laquelle on plante la tente. On fait un feu et on passe la soirée à chanter sous les étoiles.. Encore un moment vraiment magique. 


Avant de dormir, on a quand même eu la visite de militaires, mitraillettes sorties, pour savoir qui on était et pourquoi on campait là. Ils sont vite repartis, voyant qu'ils avaient simplement à faire à des touristes crados..

Le matin, l'invasion de mouches était bien là pour nous tirer du sommeil. Mais c'était notre avant-dernier jour en Iran, au lieu de hurler putain, on a été se réfugier dans l'eau tiède de la mer. Tout habillés, on est quand même en Iran ! On est répartis tous frais et propres, quoiqu'un peu salés. On n'avait pas pu se laver depuis notre départ de Bandar Abbas ! 

On dirait vraiment de la neige, mais ce sont des sédiments. Le thermomètre peut en attester !!
On dirait vraiment de la neige, mais ce sont des sédiments. Le thermomètre peut en attester !!
Pneus rouges !!
Pneus rouges !!

De retour à Bandar Abbas, on est retournés chez notre famille pour se faire dorloter une dernière journée, avant de prendre le bateau pour Dubai. Notre dernière journée à Bandar a été un condensé de l'adoration des iraniens pour les voyageurs. On nous a offert à manger, à boire (et même un milkshake à la banane), à croquer, à croustiller... On a fait mille sessions photos, on nous a invité des dizaines de fois à venir dormir à la maison..! Ce pays est incroyable de générosité et d'hospitalité ! 


Les formalités ont été vite effectuées, et à peine deux dernières Bavaria citron plus tard, nos vélos étaient dans la cale du bateau !


C'était une chouette façon de quitter un pays, le voir  s'éloigner peu à peu, à mesure que l'on quittait le port.. On a passé un mois et demi dans ce pays, et ne saurions que trop conseiller à d'autres voyageurs d'y aller aussi ! 

Prêts à quitter le port !
Prêts à quitter le port !