OUZBÉKISTAN


CITÉS MYTHIQUES DE LA ROUTE DE LA SOIE.

Nous sommes entrés en Ouzbékistan en plein milieu des champs de coton par la frontière Nord, à quelques kilomètres de Khodjent. 


On est arrivés au poste frontière avec une petite appréhension car la frontière ouzbeke est réputée très pénible à passer. L'Ouzbékistan est un pays où les entrées / sorties sur le territoire sont très contrôlées. Il est notamment interdit de sortir du pays avec plus d'argent que l'on avait en y entrant. Toutes les devises doivent être déclarées. Il est aussi interdit d'entrer dans le pays avec de la pornographie ou des médicaments contenant de la codéine et des antidépresseurs. 

Pour s'assurer que ces règles soient respectées, les douaniers peuvent ouvrir et vider tous les bagages et regarder toutes les photos et vidéos du téléphone. Autant dire que cela peut prendre du temps et certains voyageurs nous ont raconté y avoir passé plusieurs heures. 


Heureusement pour nous, lors de notre passage il y avait beaucoup de monde à la douane, et les douaniers n'avaient pas de temps à perdre à regarder les photos de voyage des touristes. Ils n'ont même pas ouvert nos sacoches. Seuls nos médicaments ont été vérifiés, il n'y avait plus ni boîtes ni notices, nous avons indiqué tête ou estomac lorsque le douanier nous a demandé leur utilisation et en à peine 15minutes nous étions entrés en Ouzbékistan. 


Nous sommes entrés dans le pays à vélo mais à part ce jour-là, nous n'avons pas pédalé une seule fois en Ouzbékistan. En fait notre plan initial pour rejoindre l'Iran était de traverser le Turkmenistan, situé entre l'Ouzbékistan et l'Iran. Mais le Turkmenistan n'apprécie pas spécialement la visite d'étrangers, le pays est une dictature où la liberté d'expression est inexistante et où la population vit vraiment coupée du monde extérieur. Le Turkmenistan délivre donc uniquement deux types de visa : un visa touristique hors de prix avec obligation d'être accompagné d'un guide assermenté à l'objectivité discutable, ou un visa de transit de 5 jours pour traverser les 500 km de désert. Et ce dernier visa est très souvent refusé, environ la moitié des demandes sont rejetées, sans aucune raison connue. 


Nous avions fait notre demande de visa de transit à Bichkek au Kirghizistan, et attendions donc, pleins d'espoir, la réponse. Arrivés à Dushanbe, nous avons eu le verdict : ok pour Gwen, niet pour Olivier. En se renseignant un peu, on a appris que c'était assez courant dans les dépôts de demande à plusieurs d'en accepter un et d'en refuser un autre.. 

Mais du coup il fallait trouver un plan B. On n'avait plus assez de temps pour faire le grand tour par le Kazakhstan, la mer Caspienne et l'Azerbaïdjan car notre visa iranien expire début octobre. 

On a donc dû se résoudre à prendre l'avion, de Tachkent à Téhéran. Tout cela nous laissait 10 jours en Ouzbékistan, pas suffisant pour aller de Tachkent à Khiva et faire ensuite demi tour. On a décidé de démonter nos vélos, les ranger dans leurs cartons et visiter le pays en train. 


Nous avons demandé à laisser sacoches et vélos encartonnés dans un hôtel de Tachkent et sommes partis pour Boukhara avec un tout petit sac à dos pour deux. 


Boukhara

En arrivant à Boukhara, mauvaise surprise il pleut et il fait froid. Nous qui pensions avoir trop chaud en Ouzbékistan, nous n'avons emporté qu'un seul pull dans notre petit sac et sommes frigorifiés. On a quand même de la chance, en fin d'après midi, la pluie s'arrête et laisse place à de superbes couleurs du soir, douces et orangées. On en profite pour faire les touristes et faire plein de photos de la superbe vieille ville. 

Vieille ville de Bukhara
Vieille ville de Bukhara
Madrasa de Miri Arab
Madrasa de Miri Arab
Mosquée Kalyan
Mosquée Kalyan
Détails
Détails
Au resto comme on était gelés, on nous a prêté des beaux manteaux ouzbeks bien lourds et chauds !
Au resto comme on était gelés, on nous a prêté des beaux manteaux ouzbeks bien lourds et chauds !

Khiva

On part ensuite pour Khiva, ville fortifiée dans le désert du Kyzylkum (le nom signifie sables blancs). 

Il n'y a pas de train pour y aller. On prend un taxi partagé pour ce long trajet de 7 heures. Et on n'a pas regretté d'avoir laissé nos vélos. Le paysage est d'une monotonie à pleurer. Une route toute droite, pas un virage pendant des kilomètres. Pas grand chose à voir autour non plus, des champs de coton, puis le désert (il n'y a même pas de dunes, seulement du sable et des cailloux, tout plat sur des kilomètres). Après les paysages montagneux et grandioses du Tadjikistan ça fait tout drôle !


Les champs de coton s'étendent sur des kilomètres et ça a un côté désolant. L'Ouzbékistan est l'un des principaux producteurs mondiaux de coton, depuis l'Union soviétique. Mais cette monoculture intensive n'est pas du tout adaptée au climat ouzbek. Le coton est une plante qui a besoin de beaucoup d'eau alors que le pays est désertique. Pour subvenir à ces besoins démesurés en eau, les affluents de la mer d'Aral ont été détournés, créant une véritable catastrophe écologique, l'assèchement de la mer d'Aral. Aujourd'hui, les bateaux ont beau rouiller dans le sable, l'Amou Darya continue d'irriguer les champs. Pour ternir encore le tableau de cette triste industrie, des scandales y sont rattachés, notamment le travail forcé des enfants. 


On arrive à Khiva à 23h, mais cela nous semble le milieu de la nuit, personne dans les rues et les restaurants. Même les hôtels sont fermés et personne ne répond. On finit par trouver une chambre, à l'écart de la vieille ville. 


Le lendemain on part visiter la vieille ville de Khiva, qui est une jolie ville fortifiée, mais très touristique. La vieille ville de Khiva est une "ville musée". Peu d'ouzbeks y habitent, il n'y a pas beaucoup de vie locale. Par contre il y a énormément d'echoppes de souvenirs. Les touristes sont surtout des groupes en tour organisé. 

Malheureusement cela se ressent aussi dans les rapports entre les locaux et les étrangers, même en dehors de la vieille ville. On s'était habitués en Asie centrale à l'honnêteté absolue des commerçants vis à vis des étrangers, ici nous avons eu plusieurs fois la mauvaise surprise de notes aux prix gonflés par des plats non commandés ou des "erreurs" dans le total. 


Khiva est malgré tout une très jolie ville, aux couleurs du désert. Les remparts sont impressionnants. Les bâtiments historiques sont très bien restaurés, très photogéniques et ne lésinent pas sur les céramiques. 


Comme on dort en guesthouse et pas sous tente, on rencontre d'autres voyageurs avec qui passer la soirée autour de bonnes bières ouzbekes. 

Les lada, typiques de l'Asie centrale sont toujours là !
Les lada, typiques de l'Asie centrale sont toujours là !
La citadelle fortifiée qui encadre la vieille ville
La citadelle fortifiée qui encadre la vieille ville
Et qui ressemble à un château de sable vue de l'intérieur
Et qui ressemble à un château de sable vue de l'intérieur
Les chariots qui transportent des montagnes de choses.. Mais la seule photo que l'on ait c'est le chariot vide.. Faites marcher votre imagination ! :)
Les chariots qui transportent des montagnes de choses.. Mais la seule photo que l'on ait c'est le chariot vide.. Faites marcher votre imagination ! :)
Notre mamie à la guesthouse
Notre mamie à la guesthouse

Samarcande

Place du Registan
Place du Registan

On aurait aimé aller jusque dans le Karakalpakstan voir de nos yeux ce qu'il reste des ports de pêche de la mer d'Aral, mais cela faisait un peu trop loin et nous avions rendez-vous avec Olivier et Olivia à Samarcande. 

Le train étant hors de prix, nous avons dû rejoindre Samarcande en taxi partagé, 12 heures de route interminable, entassés les un sur les autres, avec la musique à fond.. Et pas des moindres ! 


À Samarcande, nous avons retrouvé comme prévu les copains Olivier et Olivia (que l'on avait rencontrés au Tadjikistan). C'était super de se revoir, de faire la fête et de visiter ensemble cette ville mythique de la route de la Soie. 

Nous visitons le Registan, le mausolée d'Amir Timur et la nécropole Chah-e-Zindeh. Les monuments sont immenses et très bien restaurés, peut être même trop. C'est presque difficile de distinguer ce qui est d'origine de ce qui a été restauré. La vieille ville est cachée aux touristes, des murs ont été construits tout autour de ces ruelles sinueuses, pour ne montrer aux touristes que les rues modernes, parfaites, à l'herbe coupée au sécateur par des hordes d'employés. 

Retrouvailles!! (enfin le lendemain des retrouvailles, ce qui explique nos têtes...)
Retrouvailles!! (enfin le lendemain des retrouvailles, ce qui explique nos têtes...)
Backgammon contre les ouzbeks
Backgammon contre les ouzbeks
Nécropole Chah-e-Zindeh
Nécropole Chah-e-Zindeh
Toujours beaucoup de détails très travaillés..
Toujours beaucoup de détails très travaillés..
Bazar de Samarcande
Bazar de Samarcande

Départ, pas comme prévu..

Nous revenons enfin à Tachkent en train, le programme de cette dernière soirée : récupérer nos vélos encartonnés et aller passer la nuit à l'aéroport en attendant notre vol matinal. Nous restons finalement traîner à l'auberge de Tachkent, à l'ambiance vraiment chouette. On revoit même un mec qu'on avait rencontré au fin fond du Kirghizistan ! 


Vers 3h du matin, nous quittons avec regret ce petit monde pour aller à l'aéroport. Notre vol est à 7h.

L'entrée dans l'aéroport est sportive. Fidèles aux habitudes ouzbekes, les contrôles sont là, par dizaines. Les bagages sont scannés et les voyageurs fouillés tous les 100m, dans l'anarchie générale; les filles d'attente n'existent pas, tout le monde se pousse et s'écrase pour passer. Avec deux énormes cartons à vélo de 30kilos à porter, ça rend l'avancée difficile. Même entre les contrôles on n'avance pas. Notre chargement semble tellement inhabituel que personne ne s'écarte pour nous laisser un passage , au contraire nous sommes scrutés par des dizaines d'yeux curieux et on s'agglutine autour de nous. 


À l'enregistrement des bagages, nous demandons, comme prévu avec Uzbekistan Airways, à payer nos cartons à vélos en supplément (nous avions pris soin d'aller à leur office pour se renseigner sur les conditions, les dimensions max et les prix.) Sauf que voilà, nous ne volons pas avec une seule compagnie, mais deux. Uzbekistan Airways de Tachkent à Baku (en Azerbaijan) puis 12h plus tard Azerbaijan Airlines de Baku à Téhéran. Le supplément bagage d'Uzbekistan airways est de 50 dollars, soit un prix classique. En revanche, Azerbaïdjan Airlines ne compte pas le supplément bagage à l'unité mais en taille/poids excédentaire.. Le bilan au comptoir pour les deux vélos : 500 dollars ! (pour la petite histoire, le prix nous a bien entendu été annoncé en soums, soit 4 millions de soums ! En voyant tous ces zéros sur le papier, on a vraiment commencé à se sentir mal !) On a bien entendu essayé de négocier, de parler avec un manager.. Rien à faire ! On était face à un bureau, ambiance soviétique, où l'ordinateur 20 ans d'âge imprimait à grand bruit le papier indiquant combien il fallait payer. On avait beau demander à enregistrer nos vélos en équipement sportif, les deux vieilles secrétaires nous répondaient uniquement "you must pay" 

L'heure tournait, on n'avait aucun bagage en soute, l'avion n'allait pas nous attendre et notre visa iranien expirait le lendemain, on a bien du se résoudre à payer. 

Dans l'agitation générale on a été au bureau de change de l'aéroport changer des dollars (on avait beaucoup d'argent liquide sur nous car les cartes bancaires étrangères ne fonctionnent pas en Iran). 


Il faut que l'on vous précise qu'en Ouzbékistan on se promène souvent, en temps normal, avec BEAUCOUP de liasses de billets. Un euro équivaut à 8 000 soums. Mais la plupart des billets en circulation sont des billets de 1 000 soums.. Donc même pour des petites courses il faut sortir beaucoup de billets... Je vous laisse imaginer comment ça se passe lorsqu'il faut payer 500 dollars, soit 4 millions de soums, en cash et en petites coupures ! On est revenus au guichet avec un sac plastique rempli de liasses !!! 


 Ça a ensuite été la course et le stress, mais nous avons finalement embarqué, allégés de 500 dollars. Avec quand même l'impression de s'être bien fait racketés. Ça commence à faire cher le refus du visa turkmène.. Et bien sûr, aucune condition sur le site d'Azerbaijan Airlines, c'est pas la transparence totale cette compagnie ! 


En transit pendant 12h dans l'aéroport de Baku, en Azerbaijan, on a eu tout le loisir (après quelques heures de sommeil par terre pour rattraper la nuit blanche) d'admirer, par l'immense baie vitrée, cette capitale construite aux pétrodollars. 

Sommeil réparateur sur le sol doux et moelleux de l'aéroport Azeri
Sommeil réparateur sur le sol doux et moelleux de l'aéroport Azeri

On quitte l'Asie centrale..

C'est une page qui se tourne et l'arrivée dans un tout autre monde. Fini l'Asie centrale. On est quand même déçus de ne pas passer ces frontières par la route et d'arriver en Iran dans un aéroport international. 

On a vraiment adoré l'Asie centrale, et particulièrement le Tadjikistan. Dans ces trois pays, on a eu des rapports faciles et sympas avec les gens. Le plus souvent on s'est bien marrés. Et s'il y a des ressemblances entre les pays en Stan, chaque pays nous a marqué d'une façon très différente. C'était vraiment un début de voyage en fanfare ! ❤️


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