INDE - MAHARASHTRA


Maximum city, maximum country.

Le Maharashtra est le dernier état nous séparant de Mumbai et le deuxième état indien le plus peuplé, notamment en raison de la présence d'une des plus monstrueuses mégalopoles au monde : Mumbai, ou Bombay du temps des portugais, puis des anglais. On la surnomme "maximum city", en référence au roman de Sukety Mehta. C'est une ville des extrêmes : plus grand bidonville d'Asie mais aussi capitale commerciale et financière du pays. Des gratte-ciels et des malls démesurés, mais des familles toutes générations confondues qui vivent sous des habitations de cartons et de toiles au milieu des terres pleins. Vingt millions d'habitants qui vivent les uns sur les autres face à la mer d'Oman.


Mais le Maharashtra, avant Mumbai, c'est aussi des kilomètres de côte campagnarde, de plages désertes, de petites routes où on crève de chaud faites, comme depuis des kilomètres, de moustiques, de singes, de palmiers et de kilos de veg biryani.


Pour nous c'est le dernier chapitre en Inde du Sud, avant que la chaleur extrême ne nous pousse vers la sortie, ou vers le nord du pays.  Plus que jamais, on a vécu au rythme des 40° à l'ombre, tranquille le matin, sieste l'après-midi et pas trop vite le soir. Aller moins vite nous a aussi permis de voir le pays différemment. Faire plus attention aux habitudes, s'asseoir sur des tabourets en plastique sous un ventilo et regarder le va et viens incessant dans la rue. Hommes, femmes, enfants, vieillards, rickshaws, scooters, vélos, charrettes, chars à buffles, bande de chiens errants, vaches sacrées et stands roulants de fruits, légumes ou tabac à chiquer. Tout ce petit monde ne s'arrête jamais. Une rue calme et déserte n'existe pas dans une ville indienne. On va quand même bien trouver des avantages à ne rien foutre, il faut dire que regarder la société indienne en action est un spectacle qui ne peut laisser indifférent.. Toujours déroutant, parfois consternant (et on va l'avouer, aussi épuisant) .. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne s'ennuie jamais en Inde ! 

La narration de nos aventures, ô combien passionnantes, s'était arrêtée il y a presque deux mois, alors que l'on s'apprêtait à passer la frontière népalaise. Sans nos vélos, laissés à Goa. Après deux semaines au Népal, on retourne à Goa dans le sud de l'Inde, récupérer nos vélos et continuer notre remontée jusqu'à Mumbai.


Après une petite pause loin de l'Inde, deux choses nous frappent en reprenant la route. Déjà, il fait chaud, mais vraiment extrêmement chaud. Comme si nos corps s'étaient habitués à la chaleur depuis le golfe Persique et que deux semaines en terrain tempéré avaient remis les compteurs à zéro. Bref, on a chaud. C'est l'été en Inde, et avril est l'un des deux mois les plus chauds de l'année, le thermomètre pouvant monter jusqu'à 50° par endroits. Il paraîtrait même que cette année est une des plus chaudes depuis longtemps.. On se traîne misérablement toute la journée, dans l'espoir d'un courant d'air. On fait des pauses à transpirer tout ce qu'on peut et on reprend nos vélos brûlants. L'ombre, c'est à travers les branches des palmiers ou dans les petits restos sombres et étouffants. On squatte vainement sous les ventilos qui brassent de l'air chaud et on se pose de plus en plus régulièrement la question de casser le budget pour se payer une chambre avec clim. 


On a un champ d'action de 6h du mat à 11h, avant que le soleil ne rende tout mouvement extrêmement pénible et coûteux. Alors on fait la sieste tout l'après-midi sous le ventilo, on se réveille plein d'énergie en fin de soirée pour ne pas dormir de la nuit et se réveiller difficilement le matin suivant à cinq heures.. Résultat, on avance vraiment très lentement. 




L'avantage de faire du vélo tôt le matin, c'est qu'on a des super levers de soleil!
L'avantage de faire du vélo tôt le matin, c'est qu'on a des super levers de soleil!
Et les rues sont (presque) désertes
Et les rues sont (presque) désertes

La deuxième chose qu'on avait presque eue le temps d'oublier au Népal, c'est le bruit. Et on n'a pourtant pas passé notre temps dans les montagnes. Mais même Kathmandu paraît d'un calme absolu comparé à l'Inde. Ici, le silence est aboli. Les manifestations de ferveur religieuse sont diffusées au haut parleur. Les klaxons de la rue ne diminuent qu'au moment où les chiens errants prennent le relais pour aboyer toute la nuit. Et à l'échelle des gens dormant (ou essayant) dans les hôtels, le concept d'essayer d'être silencieux pour ne pas réveiller autrui n'existe pas chez les indiens. N'importe qui peut rentrer dans une pièce où d'autres personnes dorment, écouter sa musique, regarder la télé, téléphoner ou avoir une discussion à très haut volume, sans que personne n'en soit choqué le moins du monde. Le gérant de l'hôtel peut frapper à ta porte ou te téléphoner à 3h du matin car il a une question à te poser. Et surtout, les conversations se déroulent toujours à un volume qui nous paraît extrêmement élevé. On se demande pendant assez longtemps si ils s'engueulent et le plus souvent on conclue que non. On a juste des habitudes différentes en matière de volume sonore.

Ce bruit permanent a tendance à nous exciter, nous mettre sur les nerfs et nous épuiser. Il n'y a que sur les petites routes que l'on retrouve un peu de calme, le temps de souffler.. Jusqu'au prochain coup de klaxon dans la gueule ! 

Photo, non illustrative du propos, d'un stand de fruits (avec devant l'espace snack)
Photo, non illustrative du propos, d'un stand de fruits (avec devant l'espace snack)
Les magasins roulants
Les magasins roulants

À propos des différences culturelles et de notre self control...

À propos de différences culturelles, les notions d'espace vital sont ici très différentes de nos critères où l'on estime gênant de se tenir trop près les uns des autres. Dans un des pays les plus peuplés au monde, les choses sont différentes. L'Inde compte 1,35 milliards d'habitants, soit 20% de la population mondiale. Sur cinq habitants de la planète, il y en a un qui est indien, ça calme. Et du coup, toutes les choses de la vie quotidienne se passent avec beaucoup de monde tout autour. Ça change un peu les choses... Faire la queue, par exemple, c'est assez rare. À la place, on trouve un amas de gens agglutinés les uns sur les autres, et se tenant le plus proche possible du comptoir (pour l'anecdote, la personne qui est derrière le guichet est tout simplement séparée par une grille. Afin de bien délimiter la frontière, sans quoi...les gens finiraient sûrement assis sur le bureau) 


Et les indiens sont très curieux, mais vraiment TRÈS curieux. Aussi, quand on demande quelque chose, il y a toujours plusieurs curieux qui s'arrêtent et restent pour regarder ou écouter. Parfois, simplement pour hocher de la tête, ou pour participer, donner leur avis, toucher aux freins des vélos etc.. 


Selon nos us et coutumes occidentales, parler trop fort, doubler quand on fait la queue, fixer très longtemps quelqu'un du regard, se coller aux autres, intervenir dans les affaires d'autrui ou tout simplement roter à grand bruit pourrait être perçu comme de l'impolitesse. En fait, ce sont juste des différences culturelles (on tente de se le rappeler de nombreuses fois quand on est fatigués, qu'il fait trop chaud et que quelqu'un nous fixe en nous collant et en déréglant nos vitesses..) 

Rassurez vous, ça marche dans les deux sens. Les indiens voient les occidentaux comme des gens sales, impudiques, qui s'embrassent en public, qui n'ont pas de valeurs, qui ne respectent pas leur famille, qui boivent et qui se droguent. 


On doit aussi vous dire que l'Inde n'est pas que le pays de la non violence et du yoga. Au contraire, on est choqués par la rudesse des indiens entre eux. Réminiscence du système de castes (officiellement aboli), la violence des castes dominantes contre les castes inférieures fait partie de la domination. Alors les rapports que l'on observe sont souvent secs et autoritaires. Les rapports d'amitié ou entre collègues s'expriment souvent à travers de bonnes grosses baffes bien sonnantes. Et on ne parle même pas des violences conjugales, qui sont toujours un gros problème, ici, comme dans beaucoup trop de pays... 


Regarder un navet indien à la télé permet de réaliser l'ampleur de cette violence. On n'est pas des bisounours, mais alors une telle succession de scènes de passage à tabac nous laisse toujours sans mots. Par contre, aucune scène de sexe, ni même un baiser, ça c'est tabou. Toutes les scènes à caractère érotique sont coupées dans les films étrangers. Pour voir ça, il faut aller au cinéma. Les couples ne se tiennent pas le main et ne se touchent pas dans l'espace public. Par contre entre copains du même sexe, on peut se tenir la main, se caresser le dos, se toucher le cul... 

Tout est dans la légende...
Tout est dans la légende...
Une photo de thali, ça faisait longtemps.. Et ça détend un peu de bouffe au milieu de toute cette violence..
Une photo de thali, ça faisait longtemps.. Et ça détend un peu de bouffe au milieu de toute cette violence..
L'incarnation de "poser fièrement"
L'incarnation de "poser fièrement"

Être une femme en Inde

Cette violence est également beaucoup dirigée sur les femmes et l’Inde se situe dans la zone rouge sur la carte mondiale des violences faites contre les femmes, et ce principalement dans la sphère familiale. 

Le statut de la femme peut varier à l’extrême d’un état à l’autre, d’une classe sociale à l'autre. Mais dans une famille indienne, le fils bénéficie souvent d’un traitement préférentiel – une meilleure alimentation, de bons vêtements et une éducation supérieure. Encore aujourd'hui, élever une fille en Inde c'est "arroser le jardin de son voisin". Pour cette raison, dévoiler le sexe du bébé à l'échographie est interdit, pour éviter les avortements sélectifs. On comptabilise en effet 10 millions de petites filles avortées durant les vingt dernières années. 


La liberté des filles, dans et hors de la maison, est souvent limitée. Une fois devenues femmes, elles souffrent de discrimination professionnelle pour celles qui trouvent un travail ; pour les autres, les pressions familiales les obligent à se marier, à rester à la maison et à prendre soin du foyer. 


La médiatisation de l’affaire du viol collectif de New Delhi en décembre 2012 a permis de lever le voile sur un véritable problème de société qui faisait l’objet d’un tabou important en Inde. Ce crime a suscité des manifestations exceptionnelles dans le pays et dans le monde entier. Le gouvernement a renforcé sa politique de protection des femmes, en mettant en oeuvre des mesures de sensibilisation et de prévention importantes, grâce notamment à la diffusion de clips vidéos dans les cinémas ou encore de spots radio.

Dans les rues des grandes villes, on peut voir sur les taxis des étiquettes stipulant que ce taxi "respect women" ou des affiches avec un numéro de téléphone spécial à appeler en cas d'abus. Le gouvernement a crée une Cour spéciale pour les crimes envers les femmes, qui a pour but de rendre les jugements plus rapides. Des associations féministes ont également vu le jour, pour travailler en profondeur sur le changement des mentalités, briser les clichés et éduquer les nouvelles générations. Certains Etats, comme le Kerala ont aussi mis en place des unités de police constituées uniquement de femmes, pour faciliter la prise de parole des victimes.


Et pourtant, la femme indienne est loin d'être absente du paysage politique du pays. Indira Gandhi (sans lien de parenté avec le mahatma) a été Première ministre à plusieurs reprises et pendant presque quinze ans. À noter que le poste de premier ministre est le plus important en Inde, le président est surtout symbolique. Depuis 2014, Sushma Swaraj, occupe le prestigieux poste de ministre des Affaires étrangères au sein du gouvernement de Narendra Modi. Et de nombreuses élues sont représentées au sein des différents états. 

Faire du vélo en Inde

Et sinon, pour ce qui est de se déplacer en Inde à vélo, c'est très très loin des messages alarmistes qu'on avait pu lire et entendre avant d'arriver. On nous avait prévenu que ce serait dangereux et tellement éprouvant que ce serait la pire expérience de notre voyage. Très honnêtement, à moins de vraiment mal choisir son itinéraire et ne traverser que des zones urbaines, ce n'est pas la réalité. La grande majorité des routes sont en bon état, le trafic reste supportable, les indiens ne roulent pas trop vite et ont un sens du partage de la chaussée dont devraient s'inspirer beaucoup de conducteurs! (lié au fait que l'on partage en permanence la route avec des usagers allant du buffle au quinze tonnes) Les grands axes ont souvent des petites routes parallèles magnifiques et bucoliques, sur lesquelles on roule pratiquement seuls, les véhicules motorisés préférant les voies rapides. 

Comparé à des pays réputés pour le voyage à vélo, comme le Kirghizistan ou le Tadjikistan, beaucoup d'aspects de la vie quotidienne sont extrêmement simples. L'accès à l'eau, à la nourriture, aux bières (restons pragmatiques) est d'une facilité déconcertante. Les indiens sont hyper accueillants et toujours prêts à aider (même quand on ne le leur demande pas... ). Bref, depuis notre départ c'est presque le pays où rouler est le plus simple. 


On ne prétendra pas que c'est de tout repos. Mais voyager en Inde, quel que soit le mode de déplacement n'est pas de tout repos. C'est simple, mais éreintant. En fait, pour avoir aussi beaucoup voyagé ici en bus et en train, on trouve ça presque plus rassurant d'être à vélo. Au moins on est seuls responsables du cours de notre vie et non un monomaniaque du klaxon, laissé en liberté au volant d'un bus. 



Belle petite route bucolique
Belle petite route bucolique
Autre belle petite route bucolique
Autre belle petite route bucolique
Souvent sur la côte, les voitures et les bus font un grand détour pour éviter les bras de mer, mais pas nous ! On prend le bac (pour la modeste somme de 10 roupies)
Souvent sur la côte, les voitures et les bus font un grand détour pour éviter les bras de mer, mais pas nous ! On prend le bac (pour la modeste somme de 10 roupies)

Mumbai, grandeur et horreur

Et puis on a fini par arriver à Mumbai. Avec encore moins d'air, du monde dans tous les sens et une effervescence de trucs partout, on se croirait dans la salle des machines d'un paquebot. Ça grouille de monde. La surpopulation est ici à son paroxysme. Le luxe gerbant des classes riches côtoie dans l'indifférence la misère extrême. Le ciel est gris des particules en suspension dans l'air. Ça sent un savant mélange d'égouts, de poubelles en décomposition, d'encens, de pots d'échappements, d'abattoirs à ciel ouvert et de poissons séchés. (On sait vous faire rêver...) Après des semaines de campagne et de petites routes sous les palmiers, une mégalopole c'est l'angoisse. Heureusement, le monde moderne et ses travailleurs aliénés étaient là pour nous sauver la mise. Une armée de chauffeurs Uber dans leurs voitures climatisées sillonnent la ville pour vous emmener où bon vous semble et pour un prix complètement dérisoire ! Moins cher que le tuk tuk, moins cher même que le metro... Honnêtement, on se demande comment ils vivent, comment ils rentabilisent leurs frais de voiture, d'essence...


On a élu domicile dans le très charmant quartier du déchargement des charrettes XXL et de la casse à voitures, où bizarrement on était les seuls touristes. À notre grand regret nous n'avons pas été recrutés pour tourner dans un Bollywood et ne sommes toujours pas des stars en Inde.. Mais on nous regarde quand même vraiment beaucoup, comme si c'était le cas ! (et avec la grande discrétion qui caractérise les indiens..) 

Enfin arrivés !
Enfin arrivés !
Notre charmant petit quartier
Notre charmant petit quartier
Beaucoup de mignonnes petites chèvres dans les rues, mais la boucherie n'est pas loin et l'issue de leur journée n'est guère enviable...
Beaucoup de mignonnes petites chèvres dans les rues, mais la boucherie n'est pas loin et l'issue de leur journée n'est guère enviable...
La cohabitation sur la route devant la gare Victoria Station
La cohabitation sur la route devant la gare Victoria Station
On n'a jamais vu une ville ressembler plus à une fourmilière que Mumbai ! De l'agitation partout !! Tout le monde porte un truc, décharge un truc, vend un truc...
On n'a jamais vu une ville ressembler plus à une fourmilière que Mumbai ! De l'agitation partout !! Tout le monde porte un truc, décharge un truc, vend un truc...
Un stand de puri, grosses galettes grasses et gonflées
Un stand de puri, grosses galettes grasses et gonflées
La gare de Mumbai (et c'était pas pendant l'heure de pointe..)
La gare de Mumbai (et c'était pas pendant l'heure de pointe..)

Prendre le train 1.1

À Mumbai, on a un peu été freinés dans notre élan de traverser le Rajasthan désertique par cette chaleur (il y fait jusqu'à 50° en été). On a aussi du remonter plus vite que prévu à Delhi pour cause d'opération de grain de beauté. (ça aurait été dommage de rater l'occasion de faire un tour dans un hôpital indien...) 


On a donc pris le train, et avec nos vélos cette fois ! Prendre le train en Inde est une aventure à part entière. La difficulté pour acheter le billet par soi-même est un peu le baptême du feu. Soit on le fait sur internet : c'est long, fastidieux et rien ne dit que tu auras ta couchette pour toi tout seul ou si tu devras la partager avec un autre voyageur (inspiré de faits réels). Mais les obstacles rencontrés se passent dans le calme de son espace personnel - sans une vingtaine d'autres personnes cherchant à acheter leur propre billet et se collant à toi, comme si l'obtention du sésame dépendait de la surface laissée vacante la plus réduite possible.


Dans la vie réelle, on a plusieurs niveaux de difficulté. 


Niveau débutant : acheter son billet à Mumbai. 

Il y a deux guichets dans la gare. Un guichet tout venant, où le temps d'attente est estimé à peu près à la journée entière. D'ailleurs les gens apportent le pique nique et les draps pour se poser (ce n'est pas une blague). Mais, il y a aussi un guichet "touristes" qui est à part, climatisé et où une gentille dame t'explique toutes les options qui s'offrent à toi. Parfois, l'injustice ça a du bon. 


Niveau intermédiaire : acheter son billet à Delhi. 

Même configuration qu'à Mumbai, il y a un comptoir "indien" et un bureau "touristes", mais l'injustice est moins grande. Car ici le bureau "touristes" se mérite. Il est au 1er étage de la gare et plusieurs obstacles se dressent entre le bureau et le touriste. À savoir une foule de rabatteurs hyper déterminés et incroyablement convaincants, décidés à ce que tu n'atteignes jamais le dit bureau, pour t'amener plutôt dans une agence privée (avec commission) Il faut donc se montrer rusé et encore plus déterminés pour atteindre le bureau. 


Niveau expert : acheter son billet dans une ville absolument pas touristique du Maharashtra 

Là il y a un seul bureau. On achète donc son billet comme un grand (comme un local). À savoir, en s'agglomérant à la masse contre la grille du guichet. Puis en attendant fébrilement le moment opportun pour glisser son formulaire devant l'officier, sans se faire griller par un autre formulaire. Garder son calme et inspirer profondément par le nez peut aider à supporter l'attente, l'ambiance "métro en heure de pointe en période de grèves" et la chaleur proche de celle d'un four. Attention à éviter les horaires de fermeture. Pour éviter les abus, le système informatique se coupe, tout simplement. 


Le billet pris, il faut ensuite s'occuper de mettre le vélo dans un compartiment spécial. Et là bizarrement, c'est incroyablement simple. C'est juste très long. Le système d'acheminement des paquets et marchandises (ou vélos) est passé à l'informatique mais fonctionne encore conjointement avec les formulaires papier. Mystère de la bureaucratie indienne, il faut remplir au moins six formulaires différents avec les mêmes Infos, faire des petits découpages qui vont bien et coller les formulaires dans six cahiers différents. Puis remplir à peu près la même chose, mais sur l'ordinateur. Il fait plus de 40° donc tout va très lentement. Bref, avec encore un peu de patience tout ira bien. Et ensuite, victoire ! On peut prendre le train. 


Il y a plusieurs classes, selon le prix que l'on est prêt à mettre (et qui va de très cher à incroyablement bon marché) : 

- 1A avec clim, quatre couchettes par wagon, draps, couvertures et coussins fournis et wagon qui ferme à clé 

- 2A, tout pareil mais avec six couchettes 

- 3A, tout pareil mais avec huit couchettes (dont deux dans le couloir) et wagon qui ne ferme pas 

- Sleeper : même configuration que le 3A avec huit couchettes, mais pas de clim, pas de fenêtres, pas de draps ni de coussins et beaucoup plus de monde (une famille par couchette) 

- 2e classe : bancs en bois et places illimitées (il y a généralement beaucoup beaucoup de monde, jusqu'à accrochés au wagon à moitié dehors.. ) 


Pour ce voyage de 40heures entre Mumbai et Delhi on était en sleeper. Aucun risque de mourir de faim ou de soif, il y a des vendeurs ambulants de samosa, de thali, de chapati, de cacahuètes, de petites salades pimentées et même de glaces ! On est un peu tous les un sur les autres et il fait très chaud, mais l'ambiance est très bonne et très animée ! :) 

On a ensuite été bloqués à Delhi assez longtemps, le temps que je me fasse opérer : attendre le résultat des analyses, l'opération, puis attendre que ça cicatrise.. Bref, tout va bien ! On s'apprête à partir trouver un peu de fraîcheur dans les montagnes.. Direction l'Himalaya pour nos 50 derniers jours en Inde ! 

Je teste l'hôpital indien ! (je suis une femme d'expérience...)
Je teste l'hôpital indien ! (je suis une femme d'expérience...)
Et hop, une demie tête en moins !
Et hop, une demie tête en moins !

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