INDE - GOA & HOLI EN UTTAR PRADESH


Goa, c'est un peu comme Zanzibar ou Honolulu, le genre de nom dont la seule évocation suffit pour déjà visualiser la mer et les palmiers. De longues plages de sable, et dans les terres des vieilles maisons coloniales portugaises. Toujours des cocotiers, des rizières, des fleurs, des petites routes bucoliques, des couchers de soleil flamboyants et des moustiques ! On mange dans des paillotes le long de la plage, on dort sous la moustiquaire. C'est le voyage à vélo version carte postale. 

Les portugais ont colonisé l'état pendant presque 500 ans jusqu'en 1961. Dans les années 70, c'étaient les hippies qui squattaient les lieux. Maintenant, c'est plutôt la mafia russe. C'est le règne du touriste cramoisi, à poil. Ils sont pas fous, c'est un des rares endroits en Inde où l'alcool est détaxé ! Tout petit état entre le Karnataka, d'où l'on vient et le Maharashtra, où on va. On traverse en express, il y a tout juste 100km ! On en profite, avant de commencer à rouler vers Mumbai, pour faire une petite pause loin des vélos, à plusieurs centaines de kilomètres de là, à Mathura dans l'Uttar Pradesh. Plusieurs kilos de pigments de toutes les couleurs vont tomber du ciel pour fêter Holi ! 

On pourrait vous dire qu'alors que c'est l'hiver glacial en France, nous pendant ce temps on fait que pédaler le long de la plage, les cheveux au vent en buvant des pina colada... Mais en fait, tout ce soleil et cette chaleur, c'est paradisiaque à l'ombre d'une terrasse, mais un peu plus éprouvant quand on pousse son vélo sur une montée à 15% sans ombre et sans un souffle d'air ! Depuis Gokarna, la côte est devenue vallonnée. C'est beau, mais on est littéralement trempés de sueur. Et pendant ce temps, les russes en vacances nous doublent, en maillot de bain sur leurs scooters.


Dans l'état de Goa, comme dans le Kerala, voyager à vélo nous permet de voir à quel point les touristes sont cloisonnés dans des petites zones. En une rue on tombe sur le village des touristes où il n'y a que des cafés, des bars, des pizzas, des glaces, des blancs et des indiens travaillant dans le tourisme. À peine quelques kilomètres plus loin, c'est de nouveau l'Inde pas estivale, ses cantines aux grands ventilos rouillés, ses concerts de klaxons et ses égouts qui puent.


Une plage en Inde, c'est une cohabitation entre des indiennes qui se baignent habillées, des occidentaux qui font du taï-chi, des vaches sacrées qui bouffent les cartons des stands de Masala chaat, des vendeurs de paréo et d'ananas, des occidentales en bikini et des indiens venus pour faire des selfies avec elles. La kingfisher est à 100 roupies et la mer est plus chaude que l'eau de la douche. 

"Fais pas la gueule, je t'ai déjà donné toutes mes peaux de banane !"
"Fais pas la gueule, je t'ai déjà donné toutes mes peaux de banane !"
On fait le plein de masala dosa avant deux semaines de sevrage !
On fait le plein de masala dosa avant deux semaines de sevrage !

On trouve un hôtel avec parking et sous-sol pour y laisser nos vélos car on remonte pendant trois semaines dans le nord du pays, puis au Népal. En fait, notre visa indien est de six mois, mais on ne peut pas rester plus de trois mois consécutifs dans le pays. Il faut traverser n'importe quelle frontière, et rerentrer. C'est stupide, mais c'est comme ça. Et de Goa, on n'est proches d'aucune frontière.. Le Sri Lanka ne peut se rejoindre qu'en avion, pareil pour la Birmanie. On ne peut pas avoir de visa pour le Pakistan. Le Bhoutan, c'est hors de prix.. On a choisi la solution de facilité, monter vers le Népal. Soit beaucoup, beaucoup d' heures de bus et de trains.


Sur le chemin, on s'arrête à Delhi, où grandpere et grandmie sont venus nous voir ! On va voir le temple du lotus, une des 8 principales maisons d’adoration bahá’ies. Ce temple hyper moderne est considéré comme le 'Temple-mère' d’Asie du Sud. C’est un monument qui se veut ouvert à toutes les croyances. On va voir la maison de Gandhi (où il fut assassiné en 1948), le National Museum (magnifiques habits et bijoux traditionnels au deuxième étage !!!), la grande mosquée et un Bollywood. Voir ses grandparents à l'autre bout du monde, ça n'a pas de prix !!! ❤️

Après leur départ, on rejoint Mathura dans l'Uttar Pradesh. Début mars, c'est la célébration d'une des fêtes indiennes les plus connues, car parmi les plus spectaculaires, Holi, la fête des couleurs. Holi est une des célébrations les plus anciennes en Inde qui existait déjà dans l'antiquité. Cette fête est une célébration de l'équinoxe de printemps, de la fertilité et de la vie. Holi est dédiée au dieu Krishna et pour cette raison nous nous dirigeons à Mathura, lieu de naissance de Krishna et une importante ville de pèlerinage, où Holi est fêtée avec une ferveur particulièrement intense.


Lorsqu'on arrive à Mathura, trois jours avant le jour J, les gens sont déjà rouges, jaunes ou verts.. La veille de la Holi, une procession de chars défile dans les rues de Mathura. Des tracteurs, des charrettes ou d'énormes remorques, fleuries, débordant de poudres et sur lesquelles les enfants et les ados dansent en jetant les pigments sur tout ce qui croisera leur passage. Les couleurs des pigments ont chacune une signification bien précise : rose et rouge pour la joie et l'amour, bleu pour la vitalité, vert pour l'harmonie, orange pour l'optimisme.


Un défilé lors d'une fête indienne, c'est à l'image de la vie en Inde : intense. 

À peine rentrés dans les rues de la procession, on n'y voit plus rien, il y a de la couleur partout, des bombes à eau qui t'arrivent dans la gueule, qui se mélangent aux paquets de poudre qu'on se prend dans les yeux, le nez et la bouche. On n'entend plus que le gros son hindou qui sort à 150dB des enceintes. On évite les vaches qui flippent et qui foncent dans la foule, ou les petits indiens qui en profitent pour distribuer discrètement des mains au cul.


Le soir, c'est le Burning Man des indiens. Une énorme poupée à l'effigie de Holika est brûlée pour rappeler l'histoire de la démone brûlée par Vishnu.


Holika, prête à cramer.
Holika, prête à cramer.
À la fin de la journée : on est intégralement ROSES ! Bon, on va avoir une année pleine de joie et d'amour donc ça marche ! (l'histoire ne dit pas combien de seaux d'eau et de savons se sont écoulés avant qu'on reprenne une couleur... acceptable)
À la fin de la journée : on est intégralement ROSES ! Bon, on va avoir une année pleine de joie et d'amour donc ça marche ! (l'histoire ne dit pas combien de seaux d'eau et de savons se sont écoulés avant qu'on reprenne une couleur... acceptable)

Le lendemain, c'est Rangapanchami, le jour officiel des couleurs. (Même si nous on avait encore barbe ou cheveux roses.) Les festivités ont lieu à l'intérieur du Temple Dwarkadheesh et ça commence très tôt, à 7h du matin. Ça commence en beauté, les prêtres fabriquent et distribuent des bhang Lassi (lassi à la beuh). Puis tout le monde se déchausse et rentre dans le temple, en formant une montagne complètement improbable de tongs et de chaussures uniformément roses.


À l'intérieur du temple, tout le monde se jette des couleurs, mais c'est plus soft que la veille. À savoir que l'on peut ouvrir les yeux ou la bouche sans risquer de perdre un œil ou de s'intoxiquer. Puis la cérémonie commence et là il y a beaucoup, beaucoup de monde. Les fidèles s'amassent en jetant des couleurs, les musiciens sont portés par la foule, tout le monde chante et danse en transe. Les prêtres sortent d'énormes pompes à eau et arrosent la foule d'eau orange fluo...


Après plusieurs heures de folie religieuse, chaotique et colorée, impossible à voir ailleurs qu'en Inde, la foule sort du temple et la guerre continue dans les rues. Et nul n'est à l'abri nulle part. Les bombes à eau tombent des fenêtres et des toits. Le plus pacifique des papys attend ton passage pour t'en mettre plein la tête. Les mamies malicieuses te montrent du doigt aux enfants pour t'arroser par procuration. Les couleurs recouvrent les murs et les rues, jusqu'aux marches des Ghats et les déchets du fleuve sont noyés dans le rose et les fleurs. La fête se  termine dans l'après-midi, on est épuisés, les rues ressemblent à une fin de teuf. Les serveurs des rares restos ouverts sont jaunes, hagards et ne marchent plus droit. On s'est bien marré et on a l'impression de ne pas avoir dormi depuis trois jours. 

Quand tu cherches tes chaussures à la sortie du temple...
Quand tu cherches tes chaussures à la sortie du temple...
À la fin de la journée... C'est là où on peut remarquer qu'en temps que touriste tu prends mille fois plus cher que les autres !
À la fin de la journée... C'est là où on peut remarquer qu'en temps que touriste tu prends mille fois plus cher que les autres !

À la fin de Holi, on est partis pour un nouveau chaos à l'indienne. Prendre le train en période de fêtes, donc de gros déplacements, donc de gros bordel. Notre train a à peu près 7heures de retard et on enchaîne avec plusieurs bus jusqu'au Népal. On a deux semaines tout pile au Népal, pour profiter du gros repos sans les vélos et du SILENCE... On avait perdu l'habitude ! À notre retour en Inde, on repartira direct vers Mumbai, "maximum city"... Retrouver un peu de bordel ! 


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