AFRIQUE - OUGANDA


Welcome to Africa !

Nouveau pays mais aussi nouveau continent.. On débarque en avion, ce qui n'est pas notre façon préférée de traverser des frontières.. Dès le sultanat d'Oman, on savait que la suite nous conduirait sur le continent africain. Mais à partir du Golfe, il faut prendre l'avion. Obligatoirement. Impensable de traverser le Yémen, impossible de traverser l'Arabie Saoudite. C'est plus stylé de traverser en cargo mais ce rêve appartient à une autre époque. De nos jours, ça coûte une petite centaine d'euros de prendre un avion entre pays voisins dans ce coin du monde, contre à peu près 3000 euros pour une traversée maritime. Le choix est rapide...


On pensait commencer notre traversée de l'Afrique de l'est en Égypte, mais traverser le désert égyptien et soudanais en juillet c'est à peu près la pire idée qu'on pourrait avoir. Alors c'est le hasard qui a tranché. Le billet d'avion le moins cher de l'Inde vers l'Afrique c'est l'Ouganda. Let's go.


On descend vers le Cap. Après l'Ouganda : le Kenya, la Tanzanie, le Malawi, le Mozambique, la Zambie, le Zimbabwe, le Botswana, la Namibie et l'Afrique du Sud. Et après ? On verra bien.. En tout cas, il n'est pas prévu de rentrer en avion. On rentrera par l'Afrique de l'ouest ou par ailleurs ! 



L'Ouganda c'est un pays dont on ne connaissait rien et qu'on n'aurait pas vraiment su situer sur une carte.. (comme la plupart des pays d'Afrique subsaharienne en fait...) Ça y est, l'afront est réparé, on est incollables maintenant ! 


L'Ouganda est un petit pays d'Afrique Centrale partageant des frontières avec la République démocratique du Congo, le Sud Soudan, le Rwanda, le Kenya et la Tanzanie. Ce pays est surnommé la "perle de l'Afrique", pas mal pour notre arrivée sur le continent ! On y trouve le lac Victoria, une faune et une flore incroyable, des montagnes enneigées, des forêts tropicales, des pistes de terre rouge et la plus grande concentration au monde de primates, dont les impressionnants gorilles des montagnes. Alors, pour ceux qui se demandent si on a été voir les gorilles, la réponse est non. Déjà car il faut payer 600 USD par personne pour passer une heure avec eux. Et aussi parce qu'on est à peu près sûrs que les gorilles préféreraient passer leurs journées différemment qu'en étant traqués par des rangers et des touristes. 


Ce qu'on a vu de l'Ouganda c'est des petites pistes de terre rouge, des oiseaux par milliers, des enfants encore plus nombreux, des gens qui se marrent tout le temps, des mamans gentilles, des marchés colorés, des églises animées et des vélos bien plus chargés que les nôtres !


Des pistes d'un rouge incroyable !
Des pistes d'un rouge incroyable !
Martine fait du vélo en Ouganda
Martine fait du vélo en Ouganda
On est vraiment des petits joueurs avec nos vélos, comparés aux Ougandais !
On est vraiment des petits joueurs avec nos vélos, comparés aux Ougandais !

On est donc arrivés en Ouganda en avion, et quelle arrivée ! Magnifique, au dessus du lac Victoria et d'un paysage de collines verdoyantes tout autour. Des échassiers immenses squattent le long de la piste d'atterrissage. Il fait un ciel bleu clair, le temps est doux...  Pour vous remettre dans le contexte, on arrive en Ouganda après six mois passés en Inde. Six mois pendant lesquels on s'était habitués au monde, à la fournaise, au bruit et à une chappe de pollution permanente.. Voir le ciel bleu et sentir l'air pur dès la sortie de l'avion c'est alors une sensation incroyable.. 


Pendant notre première nuit à la guesthouse d'Entebbe on entend les cris des oiseaux et autres animaux, seuls bruits dans un silence magnifique. Ce calme nous fait un bien fou. Alors qu'on vivait un peu sur les nerfs dans le bruit et la surpopulation indienne, là on sent la pression redescendre. On est bien. On restera au moins cinq jours à Entebbe, sur les bords du lac Victoria, bercés par les cris des singes et des aigrettes.


À Entebbe on en a profité pour rajouter une caisse à l'avant des vélos. Finalement on a seulement trouvé un petit panier classique (mais ça suffira pour le moment pour porter la bouffe)
À Entebbe on en a profité pour rajouter une caisse à l'avant des vélos. Finalement on a seulement trouvé un petit panier classique (mais ça suffira pour le moment pour porter la bouffe)
Un petit coup de soudure....
Un petit coup de soudure....
Et hop ! Un nouveau panier !
Et hop ! Un nouveau panier !

Ici, les gens sont souriants, détendus et ils se marrent à longueur de journée. Pour s'adresser à quelqu'un, on demande invariablement et avant toute chose comment va la personne, que ce soit au marché ou pour demander son chemin. C'est une chouette habitude ! Ça ralentit parfois le processus pour avoir une information.. Quand tu veux demander ton chemin, c'est après les formalités d'usage : "Hello, how are you? Fine, thank you, how are you? I am fine, thank you" et serrages de main. À partir de là, tu peux poser ta question. Et si le mec ne sait pas et te dit de demander au mec là bas, tu reprends les politesses avec le suivant. L'avantage c'est qu'on n'est globalement pas pressés alors on trouve ça sympa. L'inconvénient c'est qu'on n'a pas trop l'habitude, alors parfois on oublie et on passe pour des malotrus.. 

Pour serrer la main aussi il y a un petit rituel, trois différents positionnements successifs des mains. Contrairement à l'Inde, les hommes peuvent serrer la main des femmes, ce qui est cool et fait se poser moins de questions ! 


On adore aussi les différentes intonations, comme les soudaines petites voix aiguës pour manifester son étonnement (et on en entend souvent, car des blancs à vélo ce n'est pas si courant ici) 


On arrive au début de la coupe du monde de foot, on sait déjà de quoi on va parler avec les locaux qu'on va rencontrer ! D'ailleurs beaucoup de gens soutiennent la France "parce qu'il y a beaucoup d'africains dans l'équipe". Pogba, particulièrement, est adoré de tous ici. 


De Entebbe, on est très proches de Kampala, la capitale. Mais au lieu d'y aller directement, on décide de faire un petit détour à l'est par les pistes. On prend le bac pour traverser le lac et on arrive en à peine dix minutes de traversée sur les petites pistes perdues, en terre rouge, qui traversent la jungle et des mini villages. 


En attendant le bac pour traverser le lac
En attendant le bac pour traverser le lac
Sur les pistes, il y a des gens qui marchent, qui font de la moto ou du vélo.. Et de temps en temps des taxis brousse qui soulèvent des nuages de poussière ! (vous avez repéré à gauche les petites filles qui font coucou ? :)
Sur les pistes, il y a des gens qui marchent, qui font de la moto ou du vélo.. Et de temps en temps des taxis brousse qui soulèvent des nuages de poussière ! (vous avez repéré à gauche les petites filles qui font coucou ? :)

On n'est jamais seuls sur la route. Il y a des enfants partout, des agriculteurs qui vont aux champs, et plein de gens qui transportent plein de choses sur leur moto ou vélo ! On ne fait pas les fiers quand on double quelqu'un à vélo. Le plus souvent les vélos locaux n'ont pas de vitesse, parfois pas de pédales mais juste des tiges, ou alors pas de selle. Les mamans arrivent même à rouler à vélo avec les enfants accrochés, tout en portant une bassine sur la tête. Respect. 


Sinon, on n'aurait pas pensé, mais en fait il pleut beaucoup et souvent en Ouganda. Déjà on arrive à la fin de la saison des pluies, mais même le reste de l'année la pluviomètrie est très importante. Ça se voit d'ailleurs, le pays est très vert et la végétation tropicale !Du coup à peu près tout pousse en Ouganda et on a pu commencer une cure à base d'avocats, d'ananas et de bananes. 


On a donc eu plus de pluie en cinq jours en Ouganda qu'en un an en Asie. Ça fait un peu bizarre une grosse douche tropicale après un an au sec ! Par contre sur une piste en terre, la grosse pluie ben.. Ça fait de la boue. On nous avait dit que les pistes en saison des pluies étaient impraticables. Notre expérience : ça passe, mais en étant bien crados ! (et en poussant dans la boue) 

Pratique ce parapluie naturel !
Pratique ce parapluie naturel !
Camping de rêve...
Camping de rêve...

Ici, on nous appelle "muzungu", ce qui veut dire "le blanc". C'est un terme tout à fait neutre. En Europe c'est parfois tabou de mentionner trop explicitement les différences de couleur de peau. Ici, non. Lui il est blanc, lui il est noir, point. C'est comme ça, donc personne n'est gêné pour en parler. Le soutien pour la France au foot c'est explicite "parce qu'il y a des noirs dans l'équipe". Ou on nous demande notre Facebook "pour avoir un ami muzungu parce que je n'ai que des amis noirs". De nombreux chants religieux et d'école mentionnent aussi la couleur "God painted us black". 


Pas un tabou, mais ça n'en est pas moins un problème pour autant.. Les gens ici, dans l'immense majorité, aimeraient être moins noirs. Car l'idée  qu'être noir, c'est être déterminé à être pauvre est malheureusement dans tous les esprits, même des plus jeunes. 


C'est un sujet dont on parle très souvent avec les gens, à leur initiative à chaque fois. Nous on essaie comme on peut de dire qu'il y a aussi des noirs riches, et même dans leur pays, ce qui souvent nous vaut de l'incrédulité. Dans les villages, personne n'est riche et souvent peu ont été à la capitale réaliser par eux mêmes qu'il y a ici aussi des beaux quartiers et des grandes villas. Le fatalisme qui existe chez les gens ici est quelque chose de compliqué, et qui fait que peu essayent de s'extraire de leur condition.. (et c'est malheureusement entretenu par des pratiques politiques, pour qui cette situation est bien arrangeante) 


Bref, c'est un sujet assez complexe et omniprésent, sur lequel il y a beaucoup à dire et qui occupe beaucoup de nos pensées. L'Ouganda est un pays où le peuple est très pauvre, mais les dirigeants roulent en grosse bagnole dans des quartiers impeccables. Comme dans beaucoup de pays, oui, mais ici la différence est extrême, frappante et gerbante. Le peuple vit dans des cases de boue et de paille, l'eau courante est extrêmement rare, l'école n'est pas financée par l'état, les hauts personnages s'en foutent plein les poches, la corruption est largement généralisée.. Mais tant que les gens seront persuadés que leur situation sera toujours comme ça, et pas autrement, alors une poignée de nantis a de beaux jours fastes et climatisés devant elle ! 



On vous met pas de photos des villas, on les voit à peine derrière les grilles et les gardiens..
On vous met pas de photos des villas, on les voit à peine derrière les grilles et les gardiens..

Les gens ne souffrent pas de la faim en Ouganda, et tout le monde a une maison. Le sol est fertile et le climat fait que tout pousse sans problème. Pourtant le pays est assez pauvre. La majorité du pays (85% des habitants !) vit en milieu rural. L'agriculture est d'ailleurs la principale économie du pays. 


Dans les villages, les gens vivent dans des conditions très sommaires : de toutes petites maisons ou des cases, sans électricité et sans eau courante. Pour l'eau, il faut marcher pour aller au puits ou à la pompe. Cette eau n'est pas potable, il faut la faire bouillir, parfois aussi la filtrer. L'insalubrité des conditions de vie et le fait que le sida soit très répandu fait que l'espérance de vie moyenne dépasse peu les 50 ans... Le sida est très tabou en Ouganda, peu de gens se font dépister et l'éducation par rapport à la contraception se réduit souvent à l'abstinence.


Dans certains villages, les gens, et surtout les enfants nous regardent avec stupeur, partent en courant en nous voyant ou touchent nos peaux.. Ça a été un gros choc parce qu'on ne pouvait pas croire qu'on pouvait être les premiers blancs que ces gens voyaient de leur vie,  dans ce pays quand même assez touristique.. Comme tout le monde parle anglais, on a fini par poser la question assez régulièrement. Souvent les enfants et parfois certains adultes n'ont jamais vu un blanc en vrai. Les adultes en ont souvent vu "au moins un", une fois, il y a quelques années.. En fait, les touristes vont dans les endroits où il y a des choses "à voir" : des parcs nationaux, des chutes d'eau, des gorilles... Pas sur les pistes les plus pourries et defoncées, qui traversent des villages "normaux". Ou alors sur les pistes, mais sur lesquelles les véhicules passent. Nous on veut éviter les véhicules à tout prix et du coup ces pistes traversent des villages où les gens en voyage en Ouganda ne vont jamais. Ça fait quand même bizarre.


Du coup sur la route, le passage de deux muzungus déclenche de véritables crises d'hystérie chez les enfants. Toute la journée, tout au long de la route on nous crie "muzungu hi!!". Les enfants courent à côté de nos vélos dans des effusions de joie, en riant et dansant. Impossible à imaginer sans le voir..!!! Alors comme on n'a pas le cœur à interrompre ça, on traverse tous les villages à vitesse d'enfant. Autant vous dire qu'on est pas rapides en Ouganda ! 


Chez les adultes aussi, nous déclenchons souvent de l'hystérie, mais surtout chez les hommes. Assis à attendre que le temps passe, ou sur leurs moto taxis à attendre le client. Les femmes nous saluent gentiment, mais elles ont souvent autre chose à faire que de s'occuper des muzungus. Elles s'occupent des enfants, vont chercher l'eau au puits, travaillent aux champs, tiennent les petits shops.. et sont bien plus occupées que les hommes ! 


Parfois on vient quand même nous demander ce qu'on peut bien faire ici, alors qu'il n'y a rien à voir et que la piste est dans un état catastrophique alors qu'il y a une bonne route quelques kilomètres plus loin.. Notre réponse : "si on y avait été, on ne vous aurait pas rencontrés !" 


Lui il ne comprenait pas ce qu'on faisait ici, et même dans le pays ! Il n'arrêtait pas de demander "mais pourquoi vous n'avez pas été dans un pays où il y a" des choses à voir", comme en Amérique ?"
Lui il ne comprenait pas ce qu'on faisait ici, et même dans le pays ! Il n'arrêtait pas de demander "mais pourquoi vous n'avez pas été dans un pays où il y a" des choses à voir", comme en Amérique ?"
Adorables... Et vous n'avez pas le son ! Une petite chanson qui en substance veut dire "muzungu muzungu muzungu"
Adorables... Et vous n'avez pas le son ! Une petite chanson qui en substance veut dire "muzungu muzungu muzungu"
Attraction du jour : un muzungu à vélo
Attraction du jour : un muzungu à vélo

On a une relation assez particulière avec les enfants ici. Ils sont adorables, gentils, polis, serviables, rigolos, souriants. Ils nous font fondre quand on entend une petite voix "muzungu how are you?" tous les cent mètres ou quand on passe devant un groupe d'une vingtaine d'enfants à qui on demande "how are you? " et qu'ils répondent tous en cœur "I AM FINE!!" Par contre, quand on essaye de faire une pause, ou pire, la sieste de midi, là ça devient la crise. On essaie de se mettre un peu en retrait, mais il suffit qu'un enfant nous voie, pour rameuter les autres et ils finissent en cercle de vingt autour de nous. Au début timides, ils s'enhardissent petit à petit. On devient des animaux de zoo, et les gens au zoo n'aiment pas voir les animaux dormir.. C'est chiant, ça ne fait rien. Alors le but est de faire bouger le muzungu, pour qu'il fasse un truc et que ce soit intéressant. 


Appréciez donc l'éventail très imaginatif de techniques utilisées par les petits monstres pour nous faire bouger pendant notre sieste : nous toucher avec un bâton, agiter un poisson séché en répétant en boucle "look muzungu look look muzungu look", passer en courant le plus près possible de nous, danser en répétant en boucle "dance muzungu dance dance muzungu dance", jeter des trucs à côté de notre bâche... Ou tout simplement rester en groupe plantés devant nous à chuchoter, se pousser et ricaner (pour ceux qui n'ont jamais passé plusieurs heures par jour dévisagés par un groupe de gosses, en rond, plantés autour de soi, on peut vous l'assurer, ça fait quand même travailler son self control!)


Par contre ce n'est jamais méchant, alors au bout d'un moment on finit par comprendre que c'est encore raté pour la sieste et on se met à jouer à chat et à les poursuivre dans des hurlements de rire ! 

Faire une salade..
Faire une salade..
Faire la sieste, étape 1 : rapprochement timide
Faire la sieste, étape 1 : rapprochement timide
Étape 2 : l'encerclage.. (avec à peu près le même nombre de tous les côtés)
Étape 2 : l'encerclage.. (avec à peu près le même nombre de tous les côtés)
Étape 3 : foutu pour foutu, on les excite au max en jouant à chat !
Étape 3 : foutu pour foutu, on les excite au max en jouant à chat !

Les enfants ici, il y en a partout et beaucoup. La natalité est très élevée car la contraception est relativement peu répandue, car peu accessible.. Quand on demande le nombre d'enfants qu'a un couple, ils réfléchissent et comptent souvent sur les doigts pour arriver au total. Les vieux couples ont souvent plus de dix enfants (avec une moyenne de sept enfants par femme) Ici on ne nous demande donc pas si on a des enfants, mais combien on en a et qui s'en occupe pendant qu'on est partis.. Le fait qu'on en ait, vu notre âge, est tout simplement considéré comme une évidence. Alors quand on dit que, non, pas d'enfants, les gens sont toujours un peu étonnés, puis envieux ! On a tendance à l'oublier chez nous, mais quelle chance de pouvoir décider quand on "veut un enfant"! 


Parfois on voit dans les villages des distributeurs de préservatifs, installés grâce aux approvisionnements de l'aide internationale. Mais est ce que l'aide s'est arrêtée ou le contrat est fini, en tout cas ils sont toujours vides...


Les enfants ici n'ont pas le même statut qu'en occident. Ils ne sont pas forcément élevés par les parents, mais par toute la famille ou tout le village. Ils servent beaucoup les adultes, mangent les moins bons morceaux et sont habillés de guenilles ou n'ont pas de chaussures (ils changent trop souvent de tailles !) Ils participent beaucoup aux taches ménagères, aident aux champs ou vont chercher l'eau. Ils portent souvent des charges très lourdes ou font des tâches éprouvantes et pourtant trouvent toujours l'énergie et la joie de danser, rire et s'amuser de tout ! Ils nous épatent et nous attristent en même temps.


Ce sont des bidons remplis d'eau, on vous laisse imaginer le poids du vélo.. (et quand on disait que beaucoup de vélos n'ont pas de pédales, regardez celui-ci, seulement des tiges.)
Ce sont des bidons remplis d'eau, on vous laisse imaginer le poids du vélo.. (et quand on disait que beaucoup de vélos n'ont pas de pédales, regardez celui-ci, seulement des tiges.)
Hauts comme trois pommes, mais ils font des kilomètres en portant l'eau..!
Hauts comme trois pommes, mais ils font des kilomètres en portant l'eau..!

Les adultes au contraire ont une apparence très soignée avec des vêtements impeccables, ni froissés ni avec la moindre trace de terre, même sur les pistes rouges de brousse.. Ça nous impressionne toujours.. Mais comment ils font pour garder une tenue impeccable avec cette terre aussi colorée qui vole partout ?! Certaines femmes surtout ont des habits de soirée magnifiques en pleine brousse. 

On a un peu honte de nous, avec nos habits malmenés, sales et déchirés.. Et à raison ! Souvent, alors qu'on n'en parlait même pas, les gens nous précisent qu'ils "nous pardonnent notre allure parce qu'on fait du vélo..!" Ça les rassure quand même quand on leur dit qu'on a aussi des beaux habits pour si on est invités (et qu'on n'est donc pas complètement infréquentables) Les femmes précisent "et t'as du maquillage aussi, hein ?? Bon, ouf ça va !"

Tous les enfants ne vont pas à l'école car l'école n'est pas gratuite ici et les plus pauvres ne peuvent souvent pas payer l'éducation de tous les enfants .. Les autres restent donc aider à la maison ou font les allers retours au puits... Quand on demande à un groupe d'enfants si ils aiment l'école ou si ils sont contents d'y aller c'est absolument impensable qu'il y en ait un seul qui réponde non.. Au contraire, c'est plutôt un grand "yes" tous en cœur.


La majorité des écoles sont privées et "autogérées" par le directeur et les professeurs. À savoir que ce sont eux qui avancent les frais, acceptant souvent de tout petits salaires à la limite du bénévolat.. Ou quand être prof est vraiment une vocation ! Il n'y a souvent pas de cantine le midi donc il y a une longue pause repas pour laisser le temps aux élèves de rentrer à la maison (qui parfois n'est pas spécialement proche !) 


L'anglais est la langue officielle de l'Ouganda et tous les enfants sont capables de tenir une (petite) discussion ! Au quotidien les gens ne parlent pas anglais entre eux, ils parlent la langue de leur tribu et parlent souvent deux à trois langues différentes. Mais l'apprentissage de l'anglais varie beaucoup selon les écoles, parfois les élèves parlent mieux que nous, parfois ils apprennent à réciter des poèmes par cœur et ne peuvent pas répondre à des questions simples. Les leçons sont souvent dispensées en anglais, même si les enfants ne le comprennent pas toujours ... 


Pour dormir, on demande généralement dans les écoles. On ne fait pas de camping sauvage ici. Pas à cause des animaux sauvages, il n'y en a pas dans les régions très peuplées. Mais comme il y a du monde partout, planter sa tente sans être repéré est impossible. Et surtout c'est très irrespectueux ici de s'installer quelque part sans demander avant l'autorisation du chef du village. 

Alors le soir, nous cherchons une école, demandons à voir le directeur ou le chef et on se présente, on explique qui on est, ce qu'on fait et on demande si on peut planter notre tente ici pour "être en sécurité". Notre demande est toujours chaleureusement acceptée et la première question est généralement "combien de jours voulez-vous rester ?" ça nous épate.. L'hospitalité n'est pas un mot vain ici. 

Alors on monte la tente dans le jardin de l'école ou même dans une salle de classe, au milieu d'une foule de petits spectateurs morts de rire. 


Les hôtels on n'en a pas trop vu, à part dans les villes touristiques. Les locaux, quand ils se déplacent vont plutôt être hébergés par des membres de la famille. Du coup on a dormi uniquement en tente, à part à Kampala ! 


Par contre, on a appris à changer un peu nos formulations. Par exemple on ne demande plus "tu sais où est le chef du village ? en attendant une réponse sur la localisation. Car la réponse sera "oui je sais" puis silence et il faut ensuite demander "et il est où ?". Et la réponse sera "chez lui". Puis :

- "et c'est où chez lui" 

- "là bas" (avec un geste indiquant un périmètre de 180°) Maintenant on demande "s'il te plaît, conduis moi au chef du village" 


Le seul animal sauvage qui soit venu attaquer notre tente !
Le seul animal sauvage qui soit venu attaquer notre tente !
Dodo, directement dans la salle de classe ! (ben oui rappelez vous, il pleut souvent !)
Dodo, directement dans la salle de classe ! (ben oui rappelez vous, il pleut souvent !)

Pour manger, ce n'est pas forcément très varié. Comme en Inde, les petits restaurants s'appellent des "hôtels". On y trouve des chapatis (crêpe de blé bien grasses), des haricots, du chou, du scuma (ou ce qu'on appelle aussi du chou à vaches), de l'ugali (farine de maïs cuite à l'eau pour former une pâte bien compacte, absolument sans goût mais qui tient au corps pendant plusieurs heures !) L'ugali est la nourriture de base en Afrique de l'est et va nous accompagner encore pendant plusieurs pays. Ce n'est pas spécialement mauvais puisque ça n'a pas de goût, mais on évite quand même d'en abuser.. On sait qu'on va encore en manger pendant plusieurs mois ! On trouve aussi parfois du matoke, une pâte de banane verte bouillie et compacte. Sur le papier ça avait l'air bon et ça nous faisait rêver, mais en fait... Ça n'a pas vraiment de goût non plus. Pour les non végétariens on trouve aussi de la viande en sauce (ou plutôt de la sauce à la viande au vu du nombre de morceaux.. ) 


Niveau street food, tout est à base de chapatis. Mais de façon un peu inventive on peut même en faire plusieurs plats : de la pizza (avec un peu de ketchup et de chou sur le dessus) du rollex (contraction de "roll eggs" soit un chapati enroulé avec une omelette) et du kikomando (chapatis coupés en morceaux avec une plâtrée de haricots sur le dessus, ou un plat qui te cale pour la journée !)


Et sinon au marché on trouve tout ce qu'il faut pour se faire d'énormes salades : des avocats (à 10 centimes l'un !) du chou, des tomates, des oignons, des concombres, de la coriandre.. Mais aussi des fruits ! Des ananas, des oranges, des bananes, des mangues, de la pastèque... 


Un hôtel
Un hôtel
Stand de chapatis
Stand de chapatis
Et la boucherie..
Et la boucherie..

Sinon l'Ouganda à vélo, on peut vous assurer que c'est sportif ! Déjà il fait chaud et humide, ce qui rend l'effort assez pénible. Mais surtout ça ne fait que monter et descendre, mais vraiment en permanence. Et on vous parle de ça alors qu'on vient de grimper l'Himalaya jusqu'au Tibet ! Alors ça n'est jamais très haut, on ne monte jamais très longtemps, mais les montées et les descentes se succèdent inlassablement ! Comme la piste est souvent en mauvais état, boueuse et/ou caillouteuse et que les montées sont assez raides, on passe nos journées à bout de souffle ! 

Comme toujours, ça ne se voit pas spécialement sur les photos. De un parce que les photos "écrasent" toujours la route, et de deux parce qu'en général on est plus concentrés sur le fait d'en chier que sur la volonté de documenter notre souffrance ! 


À Jinja, on a donc renoué avec bonheur avec le confort moderne et le bon vin sud africain ! La ville est célèbre pour être la source du Nil et est en plus charmante avec ses rues colorées et ses marchés où on négocie les ananas avec les mamies qui se marrent. 


Jinja, la source du Nil
Jinja, la source du Nil
Le marché aux fruits et légumes
Le marché aux fruits et légumes
Les bananes vertes servent à préparer le matoke, dont on vous parlait plus haut)
Les bananes vertes servent à préparer le matoke, dont on vous parlait plus haut)
Et la mosquée (on était hyper contents d'entendre à nouveau l'appel à la prière, ça nous a rappelé des souvenirs, et chanté par un muezzin Ougandais c'était tout simplement magnifique !)
Et la mosquée (on était hyper contents d'entendre à nouveau l'appel à la prière, ça nous a rappelé des souvenirs, et chanté par un muezzin Ougandais c'était tout simplement magnifique !)

Pour se déplacer, les Ougandais utilisent beaucoup les deux roues. Peu de gens possèdent leur propre véhicule et la plupart utilisent les motos taxis (qu'on appelle les boda-boda) ou même des vélos taxis (un petit coussin est installé sur le porte bagage et hop ! c'est parti !) Les vélos servent aussi à transporter les courses, les récoltes, ou même une chèvre ! On a complètement arrêté de considérer que nos vélos étaient trop chargés !


Pour les longues distances, on trouve des matatu, sortes de mini van à environ 10 places. Dans les faits ils sont tellement chargés qu'il doit y avoir une vingtaine de personnes à l'intérieur, avec des mecs accrochés à l'extérieur !


Et toujours, partout, du bon son ! Aaah c'est quand même autre chose que la musique nasillarde indienne ! Franchement un pur plaisir la musique ici ! 

Vélos taxis sur la gauche, les femmes en amazone sur le petit coussin
Vélos taxis sur la gauche, les femmes en amazone sur le petit coussin
Vélo - épicerie ambulante
Vélo - épicerie ambulante
Boda-boda (photo petit joueur où ils sont seulement à trois dessus.. Le max qu'on ait vu : cinq adultes sur une moto ! Sans compter les enfants.. Et on a même vu une vache chargée dessus !) Certes ya un moteur mais quand même... Respect au pilote !
Boda-boda (photo petit joueur où ils sont seulement à trois dessus.. Le max qu'on ait vu : cinq adultes sur une moto ! Sans compter les enfants.. Et on a même vu une vache chargée dessus !) Certes ya un moteur mais quand même... Respect au pilote !
Encore une photo où on est des petits joueurs en matière de chargement : on vous laisse imaginer combien de kilos de choux il y a sur ce vélo..
Encore une photo où on est des petits joueurs en matière de chargement : on vous laisse imaginer combien de kilos de choux il y a sur ce vélo..

On a fini notre temps en Ouganda en faisant un détour pour passer une nuit dans un "resort" près du lac Victoria (au fait c'est le plus grand lac d'Afrique ! Tellement grand qu'on dirait la mer, avec même des palmiers tout autour !) Un détour bien mérité, parce que c'était l'anniversaire d'Olivier !!! 35 ans en Ouganda :) ! Alors c'était un resort sans l'eau courante, mais dans un super cadre ! 

Le bar surtout était très fréquenté des locaux, on a donc pu voir les Ougandais à l'œuvre en soirée, et une fois de plus on était vraiment des petits joueurs. La danse locale, on ne l'imiterait pas devant n'importe qui... La femme, à quatre pattes par terre, shake son booty, pendant que l'homme se rapproche, "se" présentant (pour le dire poliment) tout en donnant des claques sur le dit booty ! Il y a des grilles au bar pour protéger le barman quand tout le monde est trop bourré mais veut quand même continuer à boire. La musique est tellement forte que t'entends plus rien le lendemain matin et tout le monde est pratiquement à poil. Bref, c'était marrant ! 


Le lendemain on passait la frontière pour entrer au Kenya, où l'on se trouve encore. Moment de surprise en passant la frontière, le Kenya est beaucoup beaucoup plus riche et développé que son voisin ! Des grands moments nous y attendent, vélo avec les parents et rencontre de girafes, bref on vous racontera ça la prochaine fois qu'on aura du wifi ! 


Et un bon anniversaire !! (non, pas de photos de la danse !)
Et un bon anniversaire !! (non, pas de photos de la danse !)

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